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«La France est le seul Etat qui sanctionne une interprétation apologétique du passé colonial» L'historien français Olivier Le Cour Grandmaison affirme :
par Algérie presse service «La France est le seul Etat démocratique et la seule ancienne puissance coloniale où la législation sanctionne une interprétation apologétique, mensongère et révisionniste du passé colonial», a affirmé l'historien français Olivier Le Cour Grandmaison dans un entretien publié par l'hebdomadaire Politis. L'historien qui vient d'éditer un dernier ouvrage intitulé la République impériale : Politique et Racisme d'Etat dira que «l'article premier de la loi du 23 février 2005 dans lequel le législateur est supposé en exposer la philosophie générale en témoigne de cette réalité. On y découvre la référence à ‘‘l'œuvre'' de la France accomplie dans les anciennes territoires de l'empire». Rappelant que cette loi tant décriée «n'a pas été abolie, contrairement à ce que beaucoup pensent. Seul son article 4 a été supprimé», M. Le Cour Grandmaison dira que son objectif «a été d'analyser les effets de la construction impériale sur les institutions publiques, sur l'enseignement supérieur, les grandes écoles, un certain nombre de sciences humaines, au sein de laquelle émerge un genre spécialisé, la littérature coloniale, qui connaîtra un succès très populaire». «C'est pour rendre compte de cette dynamique que j'ai forgé le concept d'impérialisation, car celui d'impérialisme me semblait inadéquat pour étudier des réalités politiques, institutionnelles, scientifiques et littéraires auxquelles j'étais confronté», a-t-il expliqué. Pour lui, «outre l'impérialisation de l'Etat, de la vie publique, de l'éducation, où un enseignement apologétique de l'histoire coloniale française était enseigné, il faut également mentionner les tentatives d'impérialisation de la société civile, laquelle passe par l'école mais aussi par les expositions coloniales, les médias, le cinéma, les affiches. A divers degrés divers tous participent de la volonté de forger ‘‘une mentalité coloniale''». L'universitaire français a également évoqué la notion de «racisme d'Etat», figurant dans le titre de son nouvel ouvrage. «Lorsque, nous sommes confrontés à des discours, à des écrits, des théories mais aussi à des pratiques sociales, juridiques et politiques qui reposent sur une conception hiérarchisée du genre humain, où les races qui le constituent sont inégalement situées les unes par rapport aux autres - l'homme blanc se trouvant au sommet - il me semble que juste de soutenir qu'il s'agit bien d'un racisme d'Etat». Olivier Le Cour Grandmaison a ajouté que «ce racisme d'Etat, parfaitement assumé par la majorité des dirigeants de la IIIe République, est aussi le fondement de la législation coloniale comme législation d'exception, dont la fonction est d'assujettir les ‘indigènes' et de pérenniser leur statut de sujets français privés des libertés et droits élémentaires». «Le Code de l'indigénat, appliqué d'abord en Algérie puis étendu sous des formes voisines dans les différents territoires de l'empire, est l'un des monuments de ce racisme d'Etat», a-t-il expliqué. Pour l'historien, «les prolongements contemporains de cette politique coloniale et raciste sont importants et nombreux», comme le prouvent, selon lui, de nombreux discours de personnalités politiques et la loi du 23 février 2005 dont l'objectif est «de réhabiliter le passé impérial de la France». Olivier Le Cour Grandmaison, historien, est enseignant en sciences et en philosophie politique à l'université d'Evry. Il est l'auteur notamment de Coloniser, exterminer et Le 17 octobre 1961, un crime d'Etat à Paris.