Le Colloque international sur la tolérance en Islam, à l'initiative du Haut Conseil islamique, a débuté, hier, à l'hôtel El Aurassi. L'essentiel des interventions des conférenciers avait trait au vocable «tolérance» et ses diverses déclinaisons dans les textes (Saint Coran et Sunna) de l'Islam. «Le mot tolérance lui-même n'existe pas dans les textes. Mais ses différents synonymes y sont présents dans plus de 900 passages», explique le Pr Hadda Sabek de l'université de Constantine. Pardon, justice, souplesse, miséricorde, pitié, mansuétude, charité et bien d'autres mots encore sont inscrits dans ces textes pour définir les grandes lignes régissant les rapports du musulman avec son entourage de différents cercles : famille, voisinage, coreligionnaire et peuples de religions différentes. «L'une des principales caractéristiques du musulman est la tolérance envers les musulmans, non-musulmans ainsi que toutes les créatures vivant sur la Terre. Il faut transmettre cette notion avec force à travers le mot parlé et écrit et surtout à travers notre comportement quotidien», préconise cheikh Houcine Ambar, directeur des affaires religieuses à l'ambassade de Palestine en Algérie, en marge de cette rencontre. «Aujourd'hui, nous assistons à une compagne terrible contre les musulmans. Ce qui se passe actuellement à El Qods est un véritable génocide. Et certains musulmans sont complices dans cette tentative de judaïser la Palestine», poursuit-il. «Il n'y a pas une stigmatisation particulière de l'Islam dans les sociétés occidentales. Il est vrai que les attentats ont influé sur certaines catégories de gens, particulièrement dans les milieux racistes et xénophobes. Rappelons qu'il y a près de 6 millions de musulmans en France, ce qui fait de l'Islam la deuxième religion dans l'Hexagone et j'estime que la diversité religieuse est une richesse. Il faut dire que de manière identique, il y a de l'incompréhension de tous les côtés. Mais des efforts constants sont entrepris depuis le Moyen-Age pour favoriser la réflexion et le dialogue entre les religions. Par ailleurs, la mondialisation favorise les rejets et permet la reconnaissance. Il faut sortir de l'isolement et créer toute sortes d'occasions pour organiser des rencontres comme celle d'aujourd'hui», explique le Pr Pierre Guichard, historien, de l'université de Lyon 2, dans les couloirs. Dans une conférence intitulée «Tolérance et dialogue interreligieux», le Dr Azzedine Gaci, enseignant chercheur à l'Ecole supérieure de chimie physique de Lyon, président du Conseil régional du culte musulman (Rhône-Alpes) et recteur de la mosquée de Villeurbanne, après avoir rappelé que les évènements du 11 septembre 2001 ont posé la question de la compréhension du Saint Coran, pose les problématiques de la diversité et de la mobilité. Quel message doit transmettre un musulman ? «Soyez le propagateurs de la paix», préconise M Gaci. Les premières paroles du Prophète (Qsssl), dès son arrivé à Quba (Médine), rappelle l'orateur sont : «Propagez la paix entre vous, donnez à manger à ceux qui ont faim, honorez vos liens de parenté, priez alors que les gens dorment, vous entrerez au paradis en toute paix». Donc, «la violence n'est pas une donnée intrinsèque à l'Islam», poursuit le Dr Gaci. Et de rappeler que la diversité religieuse est une volonté divine et que c'est un facteur de stabilité du monde (contrairement à ce que l'on pourrait penser), le tout agrémenté par des versets coraniques et des hadiths. Des textes qui s'adressent à l'humanité entière : «Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Un jour vous retournerez à Dieu, Il vous éclairera au sujet de vos différences» (Coran 48/5). Malheureusement, les textes s'ils ne sont pas appliqués ont peut de chance de percuter. Conscient, l'orateur donne l'exemple à travers la vie du prophète (Qsssl), ses compagnons et revient sur l'Emir Abdelkader. Ce dernier est qualifié de «symbole de la tolérance et précurseur du dialogue interreligieux». La lettre envoyée par l'Emir Abdelkader à l'évêque d'Alger en 1862, qui le remerciait de son intervention à Damas, qui s'est soldée par le sauvetage de plus de 12 000 chrétiens d'un massacre certain, en est un exemple. Dans sa lettre, l'Emir confirme que les religions dispensent les mêmes enseignements. Pour sa part, Chikh Bouamrane, président du HCI, explique que le but du colloque est de répondre aux accusations de fanatisme, de fatalisme de l'immobilisme dont est affublé le monde musulman. «Pour comprendre une culture, il faut effectuer un retour aux sources. Ne pas se focaliser sur le comportement des gens mais sur les fondamentaux de l'idéologie. Pour ceux qui dénigrent l'Islam, nous répondons : «Vous avez des textes ; la thora, les évangiles… Qu'on engage un travail selon une méthode comparée horizontale et verticale et qu'on sorte avec des conclusions», préconise-t-il. La concurrence qui existe actuellement et le rejet entre religions s'explique, selon Chikh Bouamrane, par «des intérêts d'Etats et les passions d'intérêts plus que par les différences dans les perceptions et les dogmes». S. A.