«Pour vivre heureux, vivons cachés.» Avec la sélection nationale des U17, l'adage s'est vérifié sous une autre formulation : «Pour travailler sérieusement, travaillons dans la discrétion.» En se soustrayant volontairement ou involontairement, les jeunes iront donc au Mondial qui se déroulera au Nigeria. Sans fanfare ni trompette, les protégés d'Ibrir et de Meddane auront apporté la preuve qu'en football il n'y a pas que du déchet dans la discipline… loin s'en faut. Le sport roi, au-delà de la performance enregistrée sur le terrain ces derniers jours, peut s'en permettre une autre… celle de renaître tel le phénix de ses cendres pour peu qu'à sa périphérie immédiate ne graviteraient pas des scories. Cet exploit inhabituel dans la grisaille ambiante de ces vingt dernières années de compétitions d'une discipline adulée, toutes natures confondues, vient, à la limite de l'agression contre l'improvisation, le bricolage, rappeler qu'il existe des moyens de faire des choses et de bien les faire pour peu que les compétences nationales disposent de moyens, d'un cadre de travail serein et qu'on leur fasse confiance. C'est la dernière politique choisie par la Fédération algérienne de football. Une telle démarche a-t-elle donc été politique ? Sans doute, mais pas dans le sens, parce que c'est aussi dans l'air du temps, de politique… politicienne qui consisterait à faire croire que, comme naguère le stakhanovisme créait le pendant au taylorisme par nécessité… politique, le football national pouvait redémarrer par décret (en témoignent superbement toutes les décisions et mesures plantées parce que prises ponctuellement en réactions à des éliminations successives et peu glorieuses des sélections nationales dans toutes les disciplines, des résultats mitigés aux jeux Olympiques si tant est que certaines d'entre elles (disciplines) y vont, la montée en puissance de la violence dans les stades, la gabegie générale dans la gestion et notamment la corruption) en récupérant dans un formidable raccourci les résultats de cette formidable sélection des U17. Elle est politique dans le sens d'une démarche pragmatique et dans la mesure où le team qui a encadré ces footballeurs en herbe a judicieusement et rationnellement exploité les moyens mis à sa disposition. Comme a été politique la mesure prise par la Fédération algérienne de football de créer son académie, son institut de formation et de lorgner d'un œil bienveillant l'éclosion d'autres écoles en deux ou trois endroits du pays. Les acteurs essentiels entre staff technique, soutien administratif et logistique, joueurs qui ont réussi le pari de rejoindre le reste du gotha mondial de la compétition la plus prestigieuse de la discipline n'ont, par voie de conséquence, fait que répondre présent dès lors qu'ils ont disposé des moyens d'atteindre l'objectif tracé, autrement dit, ils ont obtenu les moyens de leur politique. Et c'est dans cet ordre d'idées que le candidat Bouteflika évoque dans son programme «le développement des infrastructures sportives de proximité […] les moyens nécessaires seront mobilisés et le mouvement sportif national sera encouragé dans cette voie» et plus particulièrement cet engagement «…le soutien à la formation de nouvelles générations de sportifs» et cela dans l'intention de «redresser le niveau». Le candidat touche du doigt effectivement les raisons pour lesquelles il devient impératif que le sport en général, et le football en particulier, soit pris en charge dans le cadre d'une volonté politique authentique, sachant que la déliquescence qui frappe le secteur a atteint un point de non-retour et l'a littéralement mis en péril. Et là, dès lors, il ne s'agit plus des seuls moyens humains et financiers évoqués précédemment mais d'une véritable révolution qui ne peut alors qu'être partie intégrante dans le processus politique général de l'un des candidats élus et évidemment de celui qui en fait l'un des axes essentiels de son programme. Une fois toutes les institutions réhabilitées, moralisées, des feuilles de route établies, des objectifs tracés, des résultats obtenus, une relève de l'élite régulièrement assurée, la réputation internationale des sportifs algériens réaffirmée, le politique comme l'un des compartiments d'une fusée qui aura atteint sa vitesse de croisière se détachera de lui-même pour ne veiller que sur l'usage et surtout du bon usage des moyens mis à la disposition du secteur. Ce qui est, en théorie, son seul et vrai rôle. A. L.