La rythmologie, chapitre de la cardiologie qui traite des anomalies du rythme cardiaque, ralentissement ou bradycardie, accélération ou tachycardie, a fait au cours de cette fin de millénaire des progrès fulgurants. Ainsi, la société algérienne Life Health Industry et son partenaire américain Saint Jude Médical ont organisé, en collaboration avec le service cardiologie A1 du CHU Mustapha Bacha d'Alger, une journée nationale sur la rythmologie, jeudi dernier, à l'hôtel Mercure d'Alger. L'idée principale de ce type de rencontres, selon l'organisateur, est que les cardiologues algériens aient une journée annuelle de cette sous-spécialité avec pour objectif la mise à jour des connaissances autour d'un thème donné de ceux qui s'y intéressent, laissant aux congrès les communications traditionnelles. A terme, il s'agit de susciter des vocations pour cette discipline réputée ingrate et de jeter les bases d'une communauté de professionnels autour de la rythmologie et de la stimulation cardiaque. Les patients à haut risque de mort subite sont équipés d'un défibrillateur cardiaque implantable, un «petit bijou technologique», qui leur permet, nous dira le professeur chef de service de cardiologie du CHU Mustapha Bacha, Mohamed Tayeb Chentir, d'échapper à une telle menace. En effet, ce dispositif sophistiqué permet de faire repartir le cœur arrêté à la suite d'une brutale accélération de ses battements, de 200 par minute en cas de tachycardie ventriculaire, voire de 600 à 800 par minute en cas de fibrillation ventriculaire. Un trouble du rythme à l'origine de 70% des morts subites d'origine cardiaque. La nécessité d'une implantation se révèle brutalement à la suite d'un arrêt cardiaque. C'est la raison pour laquelle, en cas de diagnostic de fibrillation ventriculaire chez un patient ayant déjà eu un arrêt cardiaque «rattrapé», il est recommandé de lui implanter un tel appareil, capable de le sauver en cas de nouveaux troubles majeurs. Pour d'autres, beaucoup moins nombreux, porteurs d'une malformation congénitale, souvent détectée à l'adolescence, l'implantation n'est pas une surprise, ils savaient que tôt ou tard ils devaient passer par là. Cette journée de mise au point en rythmologie a plusieurs objectifs, selon le professeur Chentir qui l'a résumée en quelques points. Il s'agit de l'échange d'expériences à l'aide d'exposés de cas cliniques, de la remise en en question des certitudes des professionnels de la santé et de l'actualisation des connaissances. Il a également souligné l'importance d'identifier des zones d'ombre et de bâtir des projets collaboratifs pour offrir des solutions dans le domaine du diagnostic et du suivi des patients, d'établir des contacts étroits entre les professionnels de la santé, notamment les cardiologues et, enfin, d'instaurer un dialogue avec l'industrie pour optimiser les thérapeutiques pharmacologiques ou non. Sur ce point, M. Omar Berdja, directeur général de la société algérienne Life Health Industry, a fait savoir qu'«aujourd'hui, nous aidons toujours nos médecins et patriciens cardiologues à gérer les risques inhérents au traitement des maladies cardiovasculaires, à savoir la bradycardie, la tachycardie, l'arrêt cardiaque subit, l'insuffisance cardiaque, les arythmies atriales en les traitant au moyen de nouveaux produits et en procédant à l'amélioration des solutions existantes. Créée en 2005, ladite société est spécialisée dans l'importation, la distribution et la fabrication de produits pharmaceutiques et consommables médicaux, notamment les défibrillateurs, les stimulateurs, les sondes et bien d'autres solutions et produits de renommée mondiale en la matière. Elle contribue aussi, selon son premier responsable, à la formation des cardiologues à l'étranger en matière de maîtrise de la technicité et de rigueur» dans l'utilisation de ces produits non médicaux. Cette journée a été marquée par la présentation de cas cliniques qui permettent, selon le professeur Chentir, au panel de spécialistes algériens et étrangers présents d'avoir des explications détaillées à leurs questionnements. «L'enseignement académique que l'on dispense à l'université reste toujours valable mais l'évolution rapide des techniques et des connaissances dans cette sous-spécialité impose d'effectuer des mises à niveau des médecins que nous avons formés à l'université et les cardiologues pratiquant dans le privé ou dans le public», signalera-t-il, ajoutant que «ce sont des journées de l'enseignement post-universitaire permettant de mettre au point les connaissances et de définir quelle est la place de ces nouvelles techniques, extrêmement onéreuses dans le fichier de l'économie de santé et de gestion des ressources». Les communications et les exposés, dans leur globalité, sont axés sur les techniques d'utilisation du défibrillateur, «joyau de la technologie». A titre d'exemple, le Dr Rezzoug, maître-assistant à l'EHS Maouche, à Alger, a présenté dans sa communication, intitulée «Les tachycardies détectées comme FV par le défibrillateur implantable nécessitent-elles toutes un choc ?», les techniques auxquelles il a eu recours. Il a aussi indiqué que ce défibrillateur implantable traite les troubles du rythme et protège contre la mort subite qui sert à synchroniser le cœur. La rythmologie, selon lui, n'est pas un problème de santé publique, elle touche une population très limitée ; elle n'est pas fréquente mais grave. Il a d'ailleurs précisé que l'EHS Maouche (ex-CNMS) a enregistré la prise en charge entre 15 et 20 patients (implantés), en une année, depuis l'intégration de cette nouvelle technologie dans cet établissement. En plus des spécialistes algériens, quatre professeurs français ont pris part à ce rendez-vous scientifique. L'un d'entre d'eux, le professeur Jean-Jacques Blanc, du CHU de Brest, a fait savoir dans sa communication «Stratégie diagnostique des syncopes» l'importance de l'interrogatoire médical du patient dans la réussite du bon diagnostic. Il a en outre présenté la définition de la syncope qui est, dira-t-il, «une perte de connaissance transitoire, spontanée, de durée brève, spontanément résolutive…». En outre, le professeur Blanc s'est laissé dire qu'«on ne peut pas exclure la rythmologie de la cardiologie, car elle [rythmologie] a son traitement et son diagnostic», d'où il a préconisé que certains cardiologues s'y intéressent pour l'évaluer et la maîtriser. En Algérie, notera-t-il, c'est une spécialité qui commence à s'implanter dans la pratique au quotidien, mais il reste beaucoupà faire. Les progrès et la meilleure maîtrise de la technique par les médecins améliorent régulièrement le taux de succès et font reculer les complications. N. B. A savoir Qu'est-ce qu'un défibrillateur automatique implantable (DAI) ? Un défibrillateur automatique implantable est un petit appareil qui est incrusté sous la peau, au-dessous de la clavicule. Comme le stimulateur cardiaque implantable (pacemaker), il effectue une analyse permanente du rythme cardiaque détectant toute anomalie rythmique. Il délivre automatiquement la thérapie adaptée. La plupart des systèmes de ce type fournissent toute une gamme de thérapies, selon le type d'arythmie détectée et la manière dont le médecin a programmé le défibrillateur. Si votre rythme devient trop lent, comme avec les stimulateurs cardiaques implantables, la plupart des DAI sont capables de stimuler le cœur pour éviter les pauses. Si votre cœur bat trop vite, votre DAI arrêtera la tachycardie ventriculaire en délivrant des séries de stimulations électriques (défibrillation interne) pour rétablir un rythme cardiaque normal. Comment fonctionne un DAI ? Un système de défibrillation implantable est constitué par un défibrillateur implantable (à l'intérieur du corps), des fils (à l'intérieur du corps) et d'un programmateur externe (ordinateur spécifique utilisé par un médecin, un infirmier ou une infirmière pour récupérer les informations enregistrées par le défibrillateur). Le rôle du DAI et les fils ? Ils détectent un rythme anormalement rapide (tachyarythmie), délivrent une ou plusieurs thérapies jusqu'au rétablissement d'un rythme cardiaque normal (thérapies douces d'abord, puis thérapies plus fortes) et enregistrent les données propres à chaque trouble du rythme cardiaque . Durée de l'opération d'implantation ? L'implantation d'un DAI prend en général environ une heure, ce après quoi on pourra quitter l'hôpital au bout d'un à deux jours.