Bien que la société n'encourage pas les enfants et les jeunes à devenir des artistes en développant leurs compétences dans les domaines de la musique, de la peinture, de la sculpture et de la danse artistique, beaucoup d'entre eux montrent des capacités avérées dès leur scolarité. Mais ces prédispositions ne sont pas toujours soutenues par les pédagogues et les professeurs, lesquels se limitent seulement à porter des appréciations sur tel ou tel élève. Quant aux parents, ils encouragent leurs enfants à exceller dans les matières scientifiques, lesquelles peuvent leur ouvrir des horizons sur des spécialités et des créneaux plus porteurs dans le marché du travail qu'une formation artistique, dans un pays où l'artiste et la culture sont encore sans statut. Ces parents considèrent les nouvelles matières d'éducation artistiques introduites dans le cursus scolaire comme une surcharge, voire une perte de temps pour leur progéniture. Des enfants ont, certes, réussi à percer en persévérant dans leur choix. Mais c'est une minorité, voire des exceptions. Toutefois, à l'occasion des manifestations culturelles ou événements se rapportant à l'enfance, les responsables s'empressent de faire le tour des écoles et appellent à la rescousse les associations pour rassembler quelques œuvres ou travaux artistiques réalisés par des enfants qu'ils exhiberont, l'œuvre et l'enfant, aux autorités et au grand public, en s'auto-félicitant de l'intérêt accordé aux jeunes artistes qui souvent ne leur doivent rien, ou si peu. En Algérie, la prospection, le suivi et la prise en charge des jeunes talents en sont encore à un stade embryonnaire. En dehors de certaines écoles primaires où on accorde un peu d'intérêt à ces jeunes talents, grâce au travail effectué par les éducateurs artistiques durant l'année scolaire, la prospection d'enfants artistes n'est pas enracinée dans les mentalités ni dans les politiques. Rares sont les parents qui offrent un instrument de musique à leur enfant. «Que ferait-il d'une guitare ?» nous dira le père d'un élève. D'autres considèrent l'activité artistique comme une distraction. «Une fois à l'université, il a tout son avenir devant lui pour choisir ce qu'il veut», nous a déclaré un père, dont le fils, âgé de 14 ans, a été primé à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance pour une série de planches de dessin relatives à la protection de l'environnement. Un autre reconnaît avoir interrompu les cours de musique de sa fille, qu'elle suivait depuis qu'elle avait 8 ans au niveau de l'institut régional de formation musicale, afin qu'elle se consacre entièrement à ses études secondaires. Certains animateurs d'associations culturelles et de troupes de théâtre déploient tous les efforts pour inciter les parents à encourager leurs enfants à étudier et pratiquer un art. «Notre société est figée sur les disciplines qui assurent un avenir», nous a déclaré l'un d'entre eux. Et d'ajouter que «certains parents aiment bien voir les enfants des autres se produire sur la scène, mais ils refusent aux leurs de s'intéresser à ce domaine». «Le pire, c'est qu'il y a des parents qui interdisent à leurs enfants d'écouter de la musique ou de participer à une quelconque activité culturelle, même à l'école», dit-il encore. D'autres citoyens souhaiteraient donner à leurs enfants l'occasion de s'initier aux arts, mais, compte tenu des conditions de vie et de la faiblesse de leur pouvoir d'achat, ils ne peuvent leur offrir un instrument de musique ou leur payer des cours. Aussi, seuls les enfants issus de familles aisées ou ayant un artiste en leur sein peuvent faire leurs premiers pas dans le domaine des arts. Educateurs et spécialistes s'accordent à dire que la promotion de l'art et de l'esthétique chez l'enfant dès son plus jeune âge est primordiale pour développer et socialiser la culture artistique au sein de la société. Mais tous les appels et recommandations restent lettre morte et ne trouvent guère d'application sur le terrain, dans les familles ou dans les établissements dépendant du secteur de la culture ou de l'éducation. Rares sont les écoles dotées de tous les équipements, instruments et matériels nécessaires pour enseigner les arts. N. H.