Photo : Sahel Par Rachida Merkouche La place, «el blasse», un lieu que l'on affectionne particulièrement par rapport à d'autres endroits, où l'on aime s'offrir un moment de détente. Place des Martyrs à Alger, place du 1er Novembre à Béjaïa que les anciens continuent à appeler place Gueydon, place des Armes à Oran, «el blasse» ou le Mechouar à Tlemcen, place de la Brèche à Constantine, des noms qui évoquent systématiquement les villes qui les abritent, et qui sont ancrés dans la mémoire des anciens. Des lieux qui étaient célèbres par leur nom, mais aussi par leur vocation à attirer touristes, artistes, intellectuels et simples promeneurs. On y venait siroter un thé ou un café dans des estaminets, eux aussi célèbres pour leur proximité avec ces endroits. D'ailleurs, tous les commerces avoisinants avaient la même aura en raison de leur installation. On y venait aussi pour profiter d'une projection cinématographique du temps où le 7ème art allait vers le public, ou simplement s'asseoir sur un banc, lire son journal ou contempler la vue alentour. Mais que reste-t-il aujourd'hui de ces lieux qui étaient un jour l'âme de la cité et que l'on évoquait avec fierté ? Sont-ils toujours aussi célèbres et les aime-t-on autant ? Cela semble être le cas, au vu de l'engouement des promeneurs. Même si l'entretien de certaines d'entre elles laisse à désirer, ces places sont toujours aussi appréciées bien que, pour certaines, la fréquentation ne soit plus la même. L'une des plus belles reste la place du 1er Novembre, ex-place Gueydon, incontournable pour qui veut visiter la vieille ville. Sa proximité avec le TRB en fait un lieu hautement culturel où les comédiens se retrouvent. La ville d'El Bahia est, elle aussi, réputée pour sa place des Armes ou sa «tahtaha», un lieu de mémoire pour les habitants de M'dina J'dida qui se souviennent de l'attentat meurtrier perpétré par l'OAS en 1961. Des événements culturels et des touizas s'y déroulaient, mais aujourd'hui, elle est malheureusement livrée à l'abandon. «El blasse» et le site du Mechouar restent la fierté des Tlemcéniens, et des lieux historiques, culturels et de détente très fréquentés. Très appréciée par les Constantinois, la place de la Brèche possédait des vocations multiples avec ses terrasses et ses spectacles. Elle est en réaménagement, alors que la pinière de djebel Ouahch, autrefois lieu d'oxygénation pour les familles, est aujourd'hui livrée à l'abandon. Un abandon caractérisant également la place des Martyrs, qui ne signifie plus rien, de l'avis des Algérois. Heureusement qu'il y a la fontaine fraîche de Yakouren, à Tizi Ouzou, qui constitue une halte pour les visiteurs.