Le redressement de l'industrie n'a pas eu lieu malgré les déclarations généreuses ayant trait à ce domaine. Les associations patronales et les analystes sont unanimes à souligner que l'industrie algérienne a connu un net recul en quelques années et ce n'est pas le changement de dénomination en passant du ministère de la Participation et la Promotion de l'investissement à celui de l'Industrie qui pourra changer grand-chose. Pour preuve, ces acteurs de la vie économique avancent le taux de moins de 1% de participation de l'industrie au produit intérieur brut. Les raisons invoquées sont multiples. L'une d'elles tient à la vétusté de l'outil de production qui n'arrive plus à s'adapter aux évolutions technologiques. Cette faiblesse laisse la porte ouverte à l'installation de la concurrence étrangère qui a pu accaparer des pans entiers pour répondre aux besoins de consommation des populations. Le textile et le cuir sont deux secteurs qui illustrent cette situation. Ce sont des domaines qui n'ont pas pu résister à la vente des produits étrangers et pas toujours dans des conditions de concurrence loyale. L'importation illégale provenant de Syrie ou de Turquie, entre autres, n'a laissé aucune chance à la production nationale de s'imposer sur le marché. Toutefois, l'informel ne concerne pas seulement des marchandises étrangères. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, a même admis que 40% d l'économie nationale est le fait du secteur informel. Une fois que ce constat est établi, il est logique de se pencher sur la recherche de remèdes. Or, le même ministre avoue qu'il ne peut rien contre cet état de fait. Selon lui, il est inutile de s'attaquer à ce secteur, malgré les appels des syndicats, des travailleurs et du patronat. Cette action conduirait, d'après la même source, à deux résultats fâcheux. L'un d'entre eux est relatif à la destruction des emplois, ce qui n'est guère souhaitable dans un pays où le chômage touche 11% de la population active. En outre, l'objectif du gouvernement est de créer davantage d'emplois pour absorber à la fois ces cohortes de travailleurs qui ont perdu leur emploi et la masse des primo demandeurs. La dissolution des entreprises publiques et la fermeture des unités du privé ont jusqu'à présent nui à la stabilité des travailleurs. La privatisation de quelque 400 sociétés du secteur public n'a pas tardé à déverser son lot de chômeurs. Un coup d'arrêt a pourtant été donné à la privatisation. Certains assimilent cette lenteur à un échec de la politique poursuivie par le ministre Hamid Temmar. C'était ce dernier qui, dès sa prise de fonction lors du premier gouvernement de Bouteflika, il y a dix ans, a pris l'initiative de faire adopter une législation sur la privatisation. De longues palabres ont précédé cette démarché car il fallait statuer sur le type d'entreprises à privatiser puis sur leur nombre.En fin de compte, il a été décidé que 1200 entreprises devaient connaître ce sort. Seules certains groupes comme Air Algérie ou encore la SNTA ont échappé à cette règle. Même Sonatrach devait faire partie des entreprises privatisables mais un recul a vite été opéré sous prétexte que le statut de la société ne le permettait pas. Les tergiversations du ministre sont aussi apparues dans le cadre de sa politique de mise à niveau des entreprises sous tutelle de son département. Ce n'est que l'année dernière que Temmar annonce qu'il compte proposer un plan allant dans ce sens alors que le ministère de la PME a déjà franchi quelques pas dans cette optique. Voulait-il par là réhabiliter l'outil de production dans un contexte de rareté des investissements étrangers? C'est plausible lorsqu'on sait que les montants investis par des étrangers en dehors du secteur des hydrocarbures ne sont pas mirobolants. Deux milliards de dollars ont été récoltés l'année dernière alors que les investissements sont de 150 milliards de dollars en cinq ans. D'ailleurs même cet investissement nationaux prévus n'a pas toujours bénéficié des bonnes grâces des analystes car il h'aurait fait gagner à l'Algérie que deux points de croissance. La conjoncture est même appelée à se durcir avec la crise économique et financière mondiale. Les entreprises étrangères disposent de moins en moins de liquidités à mettre dans des projets dans des pays du Sud. Même si ce n'était pas le cas, la législation algérienne est en train de se durcir au point de susciter l'hésitation des patrons d'entreprise. Déjà, sans ces deux contraintes la politique du département n'était pas assez offensive dans la recherche d'investisseurs étrangers. Hormis les appels aux investisseurs étrangers relayés par la presse, peu d'événements ont été organisés par le ministère en questions en Algérie, pour expliquer la politique dans ce domaine. Les rencontres avec des investisseurs à l'étranger sont tout aussi rares. L'échec de la politique industrielle est aussi visible dans certains autres domaines. C'est ainsi que depuis plus de dix ans, aucune entreprise n'a été admise en Bourse. Il y'en a même qui se sont retirées à l'instar d'Eriad Sétif. Les annonces avaient pris le pas sur les concrétisations. D'une soixantaine d'entreprises initialement éligibles à la privatisation par la Bourse, le chiffre est redescendu à 40 puis à 12, et enfin à plus rien. Une tentative de redresser la barre a bien été menée en février 2007 pour initier une stratégie industrielle, mais là aussi, ce sont les déclarations d'intentions qui ont eu le dessus. Deux années plus tard, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a balayé d'un revers de la main toutes ces ambitions. Ne s'agissait-il alors que d'une simple agitation? La réponse revient aux patrons. Ils continuent toujours à demander un assainissement de l'environnement de l'entreprise en estimant, à juste titre, que cette tâche revient à l'Etat et au ministre en charge de l'Industrie. Celui-ci a anticipé depuis longtemps ces revendications. Dès ses premières années passées au ministère, il avait déclaré que la politique qu'il poursuit n'est pas celle de Hamid Temmar mais celle du gouvernement, rejetant ainsi la mission de faire face à la fronde d'autres parties. Dans l'intervalle, le marché des produits industriels, d'un potentiel de 5 milliards de dollars, attend toujours d'être satisfait. Il ne l'est actuellement que partiellement par la production locale que ce soit dans les secteurs de la pièce détachée, des machines-outils ou des semi-produits.