Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Les trains sont à l'arrêt. Au troisième jour consécutif, le mouvement de grève des conducteurs de train ne faiblit pas. Mieux encore, il s'est nettement renforcé, s'étendant sur tout le territoire national. A Annaba, Souk Ahras, Constantine, Chlef et Oran, des actions de protestation ont été observées, hier, par les conducteurs de train. Dans ce sillage, à Alger, où le train est un moyen de transport très prisé par les citoyens, le trafic ferroviaire est carrément paralysé. Sur les 48 trains de banlieue qui rallient la capitale aux banlieues Est et Ouest, seulement trois ou quatre assurent le service minimum. Les usagers ont été, des lors, très affectés par ce débrayage qui leur a causé beaucoup de désagréments. Le blocage était tel que les usagers ont été amenés à se rabattre sur les stations de bus où un remue-ménage régnait en maître incontesté. Pénalisant durement les voyageurs, cette grève a remis également à la une de l'actualité les revendications des conducteurs de train qui promettent de rendre la vie dure à leur tutelle au cas où celle-ci persistait à ignorer leurs doléances. «Nous ne sommes pas des fauteurs de troubles, nous aimons notre pays et nous ne voulons pas y semer l'anarchie en dépit du fait que nous soyons lésés après tant de sacrifices. Pour rappel, nous avons assumé notre mission lorsque le pays était à feu et à sang. Beaucoup des nôtres ont payé de leur vie alors qu'ils conduisaient un train au moment où des responsables se terraient chez eux en toute sécurité. Qu'on ne vienne pas maintenant nous donner des leçons de patriotisme», a déclaré, hier, un représentant du collectif des grévistes. Des grévistes qui réclament, plus que jamais, un statut particulier des mécaniciens et conducteurs de train. Ils jugent, par ailleurs, que les augmentations dont ils ont bénéficié en 2007 sont dérisoires par rapport à celles appliquées aux autres branches. La prime de panier et la prime de risque alimentent également le sentiment de colère des conducteurs de train. L'une est en application mais l'autre est insuffisante. «Les dirigeants de la SNTF se comportent comme des voyous et au lieu de nous accorder nos droits, ils s'échinent à nous traiter de hors-la-loi. S'ils ne satisfont pas nos revendications, nous allons recourir à une grève de la faim», dira un autre représentant du collectif des grévistes que nous avons joint, hier, au téléphone. Face à ce climat de tension, la direction de la SNTF, prise de court par ce mouvement de grève, a choisi de négocier avec la Fédération nationale des cheminots (FNC) pour tenter de trouver une issue à cette crise. Des négociations qui ont abouti, semble-t-il, à un avis aux travailleurs. «Nous sommes engagé avec la FNC à traiter, dans les deux mois à venir, quatre importants dossiers portant sur l'amélioration des conditions de travail et le déroulement de carrière. En ce sens, nous avons affiché et distribué des avis aux travailleurs à travers lesquels nous les appelons à reprendre le travail et attendons leur réaction», confie à cet effet M. Dakhli, directeur des ressources humaines à la direction générale de la SNTF. A cet appel, les cheminots grévistes ont répondu par le maintien de la grève. «Nous ne sommes pas satisfaits des négociations avec la direction. Ils veulent nous faire taire avec des miettes. Pourtant, nous ne demandons pas la lune ! L'Etat a balayé d'un revers de la main les dettes des agriculteurs, pourquoi refuse-t-il alors d'augmenter nos salaires et nos primes ?», s'interrogent de nombreux conducteurs de train. Les cheminots jouent aujourd'hui les trouble-fête à quelques jours du scrutin électoral et la situation n'est pas prête de s'arranger de sitôt.