Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Les conducteurs de train ne décolèrent pas. Ils sont même déterminés à aller jusqu'au bout de leur protestation. Pour ce faire, ils ont décidé d'accentuer leur mouvement de grève qui touchera à partir d'aujourd'hui l'ensemble du territoire national. C'est du moins ce que le collectif des conducteurs de train de la banlieue d'Alger nous a confié hier. Entamant leur deuxième jour de protestation, ils ont une nouvelle fois paralysé le trafic ferroviaire tout en annonçant une grève illimitée en protestation contre «le manque de considération» dont leur tutelle a fait preuve à l'égard de leurs revendications professionnelles.De son côté, la direction de la SNTF n'a pas hésité à épingler ce mouvement de grève, enclenché «sans même un préavis». «Nous n'avons jamais fermé les portes du dialogue. Nous avions même des séances hebdomadaires pour discuter de la convention collective de la SNTF. Nous sommes prêts à revoir la réglementation de la profession. Mais, nous ne comprenons pas pourquoi ce collectif a décidé de lancer une grève sans même un préavis, et de surcroît, à cette période», relève M. Dakhli, directeur des ressources humaines de la SNTF. «C'est un mouvement illégal. Ces grévistes sont des hors-la-loi qui sèment des troubles à l'heure où le pays est à la veille d'une échéance électorale importante et cruciale», a déclaré M. Boubatra, porte-parole de la section UGTA de la SNTF, qui estime que le nombre des conducteurs agitateurs ne dépasse guère la quarantaine. De ces accusations, le collectif des conducteurs grévistes n'en a cure. Pour ses représentants que nous avons joints hier par téléphone, l'heure est à la lutte pour la revalorisation des salaires et des primes : «Y a-t-il eu un préavis pour la flambée des fruits et légumes ? Avec une pomme de terre à 100 DA, comment voulez-vous qu'on joigne les deux bouts ? Nos salaires sont dérisoires et nous exigeons une revalorisation. Nous ne reprendrons pas notre travail dans les conditions actuelles. Qu'ils aillent chercher des Chinois ou des Egyptiens pour conduire leurs trains. Qu'ils nous donnent nos droits au lieu de jeter l'opprobre sur des pauvres travailleurs comme nous.» Premières victimes de ce bras de fer opposant la SNTF aux conducteurs de train : les voyageurs ont dû prendre hier encore leur mal en patience. Il faut savoir que pas moins de 38 trains de banlieue ont été annulés hier. A peine 4 ou 5 trains ont pu rallier leur destination. Dans ce contexte, les gares ferroviaires ont fermé leurs guichets et seuls des agents de sécurité ont été chargés d'annoncer cette grève aux voyageurs. Ces derniers ont été surpris par une telle mesure, contrariante à plus d'un titre. Les locomotives assurant le service minimum n'ont pu secourir les usagers du train dont la plupart ont éprouvé toute la peine du monde à joindre leur lieu de travail ou à rentrer chez eux.Estimés à 2 000 à l'échelle nationale et à près de 230 à Alger, les conducteurs de train se considèrent sous-payés par rapport à d'autres branches. Ils se sentent lésés, car la majorité des entreprises ont eu une augmentation de salaires de 20 à 25% suite à la signature des conventions de branches en 2006. Les cheminots ont eu seulement 10% à 5% d'augmentation. Les conducteurs de train relèvent également qu'ils n'ont pas bénéficié de la prime de panier. «Nous avons uniquement son équivalent, la prime de déplacement», a expliqué le représentant du groupe de grévistes. L'autre revendication porte sur la révision de la prime de rendement qui, aujourd'hui, se limite à la prime de rendement kilométrique (PRK). Enfin, les conducteurs de train exigent une prime de risque, argumentant qu'ils sont souvent exposés à des accidents. Il faut dire qu'aujourd'hui, en cas d'accident, ils ne reçoivent qu'une indemnité ne dépassant pas les 700 DA.