Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Décidément, rien ne peut arrêter la colère des cheminots. En dépit de la décision de justice ordonnant l'arrêt de ce mouvement, jugé illégal par le tribunal de Sidi M'hamed, et la reprise immédiate du travail, les gares ferroviaires demeurent bloquées et presque aucun train n'a pu démarrer des quais. «Nous restons campés sur nos positions. Leur justice de pacotille ne nous fait pas peur. Nos revendications sont légales et notre protestation est légitime. Nous n'avons peur de personne et sachez que nous sommes disposés à poursuivre la grève jusqu'à la fin de mai. Et nous sommes mêmes prêts à la prolonger pendant la Coupe du monde. Les autorités doivent savoir que nous ne céderons à aucune de leurs pressions», confient de nombreux délégués syndicaux avec lesquels nous avons pris attache hier. Tous nous ont alors confirmé que la mobilisation, sur l'ensemble de territoire national, n'a guère faibli sous la menace de la poursuite judiciaire. Bien au contraire, ce recours aux tribunaux semble se retourner désormais contre la direction générale de la SNTF face à laquelle se dressent plus de 11 000 employés. C'est dire que le bras de fer ne tourne nullement en faveur de l'establishment de la SNTF dont la crédibilité est plus que jamais remise en cause. «Ils ont décidé de faire la sourde oreille à nos revendications. Ils nous ont méprisés depuis le début en expliquant que les augmentations légitimes que nous réclamons sont infondées. Maintenant, c'est à eux d'assumer les conséquences de leurs actions», expliquent de nombreux représentants des cheminots en grève qui assurent, au passage, qu'aucune pause ne sera observée tant que les négociations n'avancent pas avec la direction générale de la SNTF. C'est là une ligne de conduite que les cheminots ont adoptée à l'unanimité. Il est à noter par ailleurs que le directeur général de la SNTF a reçu jeudi derniers des représentants syndicaux des cheminots à deux reprises, mais le dialogue entre les deux parties n'a finalement abouti à aucun accord. Les responsables de la SNTF ne semblent pas vouloir accepter l'augmentation du salaire de base exigée par leurs employés. Dans ce contexte, ces derniers ont fait savoir qu'il est hors de question de reprendre le travail sans garantie ni résultats. A leurs yeux, seule l'entrée en vigueur de l'article 52 de la convention collective de branches, stipulant que le salaire de base ne peut en aucun cas être inférieur au SNMG, pourra débloquer enfin cette situation. En attendant, le trafic ferroviaire reste paralysé sur l'ensemble du pays. De Tébessa, Biskra, Constantine, en passant par Alger, Chlef et jusqu'à Oran, les trains n'ont pas emprunté les rails depuis bientôt une semaine. Et à la lumière de ce qui se passe, ce blocage a toutes les chances de durer encore pendant longtemps. Au grand dam du citoyen, pris en tenailles par ce nouveau conflit social, les trains ne semblent pas près de quitter leurs quais de sitôt.