Durant toute la durée de la campagne électorale pour la présidentielle, on avait peu entendu parler de culture, si ce n'est quelques vagues évocations dans la bouche d'un ou deux candidats, dans un ou deux meetings. Et encore, ils avaient tout juste abordé la question, éraflé le sujet, sans trop s'y attarder. Ils ne se sont pas donné la peine de s'étendre jusqu'à développer les grandes lignes d'une politique, accordant ainsi son importance à ce secteur, comme ils l'ont fait pour l'économie, la jeunesse, l'emploi, le logement. Quant aux autres candidats, ils n'ont même pas jugé utile de parler de culture. C'est à croire que la culture n'est pas un thème porteur, rassembleur, racoleur. Il est vrai qu'on n'a jamais vu des gens sortir manifester dans la rue pour revendiquer la construction d'un cinéma, d'une bibliothèque ou d'un théâtre comme ils le font pour des logements, du travail ou la viabilisation d'un quartier. Mais de là à conclure que la culture est accessoire et qu'on peut en faire l'économie dans le développement d'un pays, d'un peuple et d'une société, il y a loin. Et quand bien même il n'y aurait qu'un pas, un candidat à la magistrature suprême ne pourrait, ne devrait en aucun cas le franchir. Car, dès lors qu'on prétend assumer une telle charge et la responsabilité de mener un peuple et un pays, on se doit de connaître la valeur de la culture et de lui accorder, à ce titre, toute son importance. Hélas, il faut croire qu'il n'en est rien. Preuve en est la part incongrue accordée à la culture non seulement dans les discours électoraux mais également dans les positions prises bien avant le début de la course à la présidentielle. On n'a pas vu ni entendu un seul candidat s'émouvoir du sort que la wali de Mostaganem réservait au théâtre d'El Moudja qu'elle veut détruire pour ériger à sa place une station balnéaire. Point de réaction non plus pour la situation plus déplorable que du livre, du cinéma, du patrimoine… Pourtant, si la culture est bien prise en charge et replacée dans son statut, elle contribuerait à l'évolution et au développement de la société. Elle peut même constituer un liant, une voix d'expression, voire une courroie de transmission au sein de la société et entre cette dernière et les gouvernants. A ce titre, La culture a sa place et un rôle à jouer dans de nombreux secteurs d'activité. Elle a sa place dans l'éducation où elle permettra d'initier les jeunes générations aux arts et d'en faire le substrat solide de la société de demain, dans le tourisme où elle participera au développement de l'écotourisme et du tourisme culturel, dans le secteur de la PME où des activités artisanales et artistiques peuvent être exploitées économiquement et rentabilisées… En somme, la culture, quand elle est considérée à sa juste valeur, est un thème porteur. Et tout candidat à la présidence du pays est censé la bien considérer, le dire et le faire, si… H. G.