Bâtir une économie solide nécessite des mesures à tous les niveaux. Parmi ces mesures, la lutte contre le marché informel et la contrefaçon est primordiale. C'est, en fait, l'une des conditions pour protéger l'économie nationale et le consommateur. Car, à travers la prolifération des marchés informels (rien qu'à Alger, on en compte 45) et la propagation de la contrefaçon, ce n'est pas uniquement l'économie nationale qui est touchée en perdant annuellement, selon les chiffres des organisations et associations patronales, entre 25 et 30 milliards de dinars, mais ce sont aussi les consommateurs et la santé publique qui payent la lourde facture de ces phénomènes «ravageurs». Car, et on ne cessera de le rappeler, la contrefaçon s'est largement étendue pour concerner même les produits de large consommation, à l'instar de l'électroménager, de l'habillement, de la pièce de rechange et des médicaments. Des produits dont la provenance est à 80-90% du marché informel. Les deux phénomènes sont liés, donc la lutte contre le premier ne peut se faire sans combattre le second et vice versa. Qu'apportera le futur Président dans ce créneau, c'est-à-dire en matière de lutte contre l'informel, la contrefaçon et l'évasion fiscale ? Des milliards de dinars échappent, en effet, au fisc. Les opérations de lutte contre la fraude fiscale rendent régulièrement compte de montants faramineux qui échappent au circuit formel. La question s'impose donc, car les attentes à ce niveau sont nombreuses et s'expriment de tous les côtés. Les attentes viennent des citoyens, des opérateurs et des partenaires économiques de l'Algérie. Toutes ces parties espèrent des solutions efficaces d'autant plus que ces cinq dernières années, ces phénomènes ont pris beaucoup d'ampleur. D'ailleurs, de nombreuses PME se sont retrouvées obligées de mettre la clé sous le paillasson en raison de la concurrence déloyale engendrée par cette situation. Rien qu'en 2008, les services douaniers ont procédé à la saisie de 4 millions d'articles contrefaits. La sonnette d'alarme a, certes, sonné à maintes reprises mais le remède est toujours en attente. Même les billets de banque n'ont pas échappé à la contrefaçon. S'agissant des faux billets, durant l'année 2008, toujours, 200 faussaires ont été arrêtés. Les billets de 1 000, 500 DA et l'euro sont les plus visés par ce phénomène. Donc, pour protéger l'économie nationale et lui permettre d'être concurrente ne serait-ce qu'à l'échelle régionale, surtout après l'adhésion de l'Algérie à la grande zone arabe de libre-échange, ce sont toutes ces questions qu'il faudrait prendre en charge en associant tous les acteurs économiques. Les entreprises nationales privées ou publiques ont besoin d'outils de défense économique. Des outils que le prochain gouvernement devrait mettre à leur disposition sur le plan juridique notamment. L'appel a déjà été lancé à cet effet. Il a même été réitéré à l'occasion de cette élection présidentielle. Les opérateurs attendent l'amendement et l'enrichissement des textes de loi régissant le secteur du commerce. En d'autres termes, ils espèrent la réorganisation du commerce pour lutter contre l'apparition de l'informel. Les consommateurs attendent pour leur part une meilleure protection. Il y va de leur santé. C'est un dossier lourd qui attend le futur gouvernement. S. I.