Maintenant que les urnes se sont exprimées et que le verdict est tombé, que fera le président choisi par le peuple pour briser définitivement cette tendance au désespoir, pour réconcilier l'Algérien avec son Etat, ses institutions, ses valeurs et l'idéal d'une Algérie stable, sur la voie de la relance économique et de la renaissance ? Bouteflika est réélu à une large majorité avec un taux de participation supérieur à celui d'avril 2004. Donc, il dispose d'une légitimité certaine, donc il a les coudées franches, donc rien ne l'empêche de donner un coup de pied dans la fourmilière et de provoquer un réel électrochoc autant au plan politique et institutionnel qu'au plan de l'éthique et de la bonne gouvernance à tous les niveaux. C'est ce qu'attendent les Algériens. Des décisions fermes et des actions aussi vigoureuses que concrètes contre ceux qui ont tué la confiance, qui ont tué l'espoir, qui ont interdit le rêve. Bouteflika est appelé à changer radicalement la vision du harrag qui ne croit plus en son pays et jette tous ses espoirs, y compris les plus fous, sur un pays étranger. Bouteflika est appelé à agir pour que cessent l'injustice, les passe-droits, le népotisme et l'inégalité des chances entre les Algériens quels que soient leur origine sociale, leur sexe, leurs convictions politiques et religieuses. Bouteflika est appelé à faire de l'Algérie un pays où il fait bon vivre, où on a envie de vivre, un pays qui fait rêver et non un pays qui fait fuir. Des observateurs se sont demandés pourquoi l'ambiance vécue lors de l'annonce par Bouteflika de sa candidature et, lors de son dernier meeting à Alger, n'était pas l'ambiance habituelle de tous les jours dans cette Algérie du troisième millénaire. Les arguments qui invoquent les us et coutumes sont fallacieux dans la mesure où les jeunes et les moins jeunes dans ce pays du soleil et du rire, expriment de différentes manières leur rage de vivre. La modernité et le progrès ne sont pas d'imiter l'Occident, mais tout simplement d'accepter une société comme elle est et de légiférer en fonction de sa réalité et de son vécu et non en fonction des perceptions réductrices des prédicateurs obscurantistes et des législateurs zélateurs. Bouteflika est élu par le peuple. Il est, à ce titre, tenu de ne prendre en considération que les préoccupations du peuple. A ce titre aussi, il doit se libérer de toutes les pesanteurs qui empêchent le pays et la nation de prendre leur essor et de restaurer les valeurs de solidarité, d'amour du pays et de l'idéal commun. Ce troisième mandat est celui du peuple et non celui d'une quelconque officine, d'un quelconque sérail ou lobby. Si le président de la République est conscient de cette évidence et s'il agit en conséquence, l'Algérie pourrait connaître des jours meilleurs. A. G.