De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi à Constantine, des signes avant-coureurs prédisaient l'élection sans faute, voire la reconduction indéfectible du président sortant Bouteflika. Les voix que celui-ci a obtenues sont sans appel et viennent prouver encore cette appréciation. En effet, plébiscité à 83,96%, soit 306 122 en sa faveur, l'heureux réélu dépasse d'une année lumière ses poursuivants immédiats Touati et Hanoune qui ont caressé respectivement 23 454 et 16 986 voix. A vrai dire, le décor planté durant la campagne plaçait un seul candidat sur le haut du pavé tant les 5 autres n'ont pas convaincu la population locale par leurs stratégies respectives. Leur intervention arrivait in fine dans une la capitale du Constantinois où se façonnent indirectement des décisions. Pour les citoyens locaux, ces postulants ont tourné le dos à Cirta. Par ailleurs, selon d'autres, la couleur était annoncée bien avant le scrutin. «Franchement, je voterai Bouteflika. C'est le plus connu et le mieux placé parmi ces néo-politiciens. Il faut avoir la mémoire courte pour oublier ce qu'il a entrepris dans ce pays où coulait le sang… De plus, en dépit d'une rente pétrolière conséquente, le Président a su dispatcher ces ressources pour parachever plusieurs chantiers en parallèle», explique un Constantinois qui juge que «c'est une suite logique de plébisciter Bouteflika». Cirta a été conquise dès le premier discours du même postulant en 1999 au stade Chahid Hamlaoui. Depuis, la tradition Bouteflika-Constantine s'est confortablement installée. S'ensuivra une enveloppe financière des plus importantes débloquée pour relancer tous les secteurs dans la ville de Malek Haddad. Secteurs qui bayaient aux corneilles. Ville universitaire, pont transrhummel, tramway, logements sociaux, toutes formules confondues, demeurent les projets phares de la ville, mais au point mort. La réélection de Bouteflika permettrait d'injecter un sang nouveau à Constantine. Du moins, c'est ce que souhaite la population locale, espérant un coup de pied dans la fourmilière qui retarde les différents chantiers engagés dans la ville. Bouteflika devrait chercher les entraves qui freinent l'évolution du secteur économique, culturel et social à Constantine. «Il est anormal qu'on s'attaque à des œuvres depuis des années et que le résultat tarde à voir le jour. Que se passe-t-il dans cette ville ? Pourquoi traîne-t-elle la patte dans ces chantiers ?» martèle un autre employé de bureau bientôt à la retraite. Le Président devrait avoir connaissance du suivi des projets qu'il avait paraphés pour Constantine et du coup être avisé du retard dans les délais de réalisation. Encore plus averti sur l'état urbanistique alarmant qui surplombe les gorges du Rhummel avec ces éternels bidonvilles. La wilaya en compte beaucoup. C'est ce qui préoccupe la population. Mettre un bémol à l'habitat précaire en attendant la mise en place d'un dispositif de suivi régional apte à réguler ce flux disproportionné entre les vrais demandeurs de «toit» et les imposteurs du foncier. En matière de tourisme et de culture, il est espéré une attention particulière à la cité millénaire qui continue à user de ses deux grands hôtels coloniaux «Cirta» et «Panoramic» sans aucune alternative émise pour élargir le champ d'accueil sur le sol constantinois. Ibis et Novotel, opérationnels d'ici quelques mois, résorberaient un tant soit peu les visiteurs, mais cela reste insuffisant. Constantine nécessite des buildings étoilés à sa juste dimension, estiment certains milieux questionnés sur le sujet. En somme, Bouteflika a été plébiscité à Constantine qui attend… un véritable coup de maître pour la replacer sur tous les plans…