Photo : S. Zoheir Par A. Lemili Rarement dans l'histoire politique de l'Algérie une élection présidentielle a été remportée avec un tel panache. La particularité ne se situe évidemment pas au niveau du résultat lui-même, quoiqu'en l'espèce le score présidentiel constitue la cause produite par l'effet du poids de la communication, voire les techniques de communication au cours de toute la campagne. Est-ce à dire que les autres candidats n'ont pas le bagou aisé, des programmes consistants, n'ont pas su faire les bons choix géographiques des villes à visiter, n'ont pas eu des thèmes de campagne accrocheurs. Autrement dit une fois l'échec consommé et le recul pris, celui-ci n'est-il pas la conséquence d'un flagrant déficit dans une certaine forme de stratégie de communication ? A décrypter a posteriori la dépense physique déployée, tout au long des 33 meetings du candidat Bouteflika et, cette vigueur mise d'une façon très judicieuse au service de sa faconde, de l'art de l'adresse, des techniques gestuelles mais également la gestion même des moments d'intense et non feinte émotion lors de ses discours, de l'humanité que dégagent ses contacts avec les populations lors des bains de foule dans lesquels il excelle, d'une part, et auxquels il n'a jamais répugné, d'autre part, il ne peut qu'être conclu que cette victoire est surtout celle d'un homme qui a gagné la première manche si ce n'est l'essentiel le jour même où il avait annoncé sa candidature en… indépendant. Le message, qui venait d'être lancé, configurait d'ores et déjà le profil sur lequel allait se dérouler la conquête des électeurs et gagnait la partie. Il ne restait plus aux partis de l'Alliance présidentielle qu'à faire l'appoint, pour le compte d'un candidat qui avait pratiquement fait l'essentiel et pour cause le souffle imprimé à une élection qui, incontestablement, sortait de l'habituel conformisme, en mobilisant leurs bases militantes notamment par des séries d'actions et d'activités de proximité dont le premier objectif était de relayer l'appel fait au peuple par le président sortant d'accomplir d'abord et surtout leur devoir de vote.En se délestant des meetings ponctuels rébarbatifs, contraignants et honnis par les populations et en leur substituant une multiplication phénoménale des permanences électorales à travers le plus grand nombre des artères des villes, villages et mechtas, les états-majors des partis politique de l'Alliance présidentielle ont volontairement ou involontairement fait un travail subliminal qui a porté ses fruits. L'Union générale des travailleurs algériens, même si son poids reste mitigé sur l'échiquier du monde du travail, n'en aura pas moins et au même titre que le Syndicat autonome de l'administration (SNAPAP) contribué à l'onde de choc générale au profit du président réélu. Enfin et selon les premières constatations, le monde rural aurait voté en masse. Ce qui apporte la preuve que la réponse aux attentes des agriculteurs et des paysans, sa propension, et pour cause, à l'écoute des pulsions du pays profond, des masses laborieuses, des jeunes, des femmes, et sa capacité à y réagir et y apporter des solutions ont été le soubassement de sa stratégie de marketing politique. Mais pour le candidat Bouteflika, il ne s'agit pas seulement d'un ciblage des segments de la population dans le seul but de garantir l'efficacité de sa campagne et obtenir son propre succès ou multiplier ses chances de réélection, ce qui, au demeurant, est logique et de bonne guerre, mais aussi et surtout du réel intérêt qu'il porte à ses compatriotes. En tout état de cause, il est acquis aujourd'hui que l'élection présidentielle s'est jouée sur le terrain de la communication qui a finalement servi non seulement le candidat élu mais aussi l'exercice démocratique en ce sens que la transparence dans laquelle elle s'est déroulée ne laissera aucun doute sur la légitimité du chef de l'Etat pour le quinquennat à venir.