Photo : S. Zoheir Par Noureddine Khelassi Déclaration de candidature et show à l'américaine ont rappelé, jeudi, à la coupole du Complexe sportif du 5 Juillet, sur fond bleu, couleur du bonheur, un certain «Monsieur 100 000 volts». Venait alors à l'esprit la chanson où l'artiste se demande «et maintenant, que vais-je faire ?» Certes, le candidat Abdelaziz Bouteflika n'est pas un chansonnier, mais tout, dans sa prestance inhabituelle, son énergie retrouvée et la tonalité de son discours incite à s'interroger sur ce qu'il fera réellement, une fois réélu. Surtout, à quelle vitesse, avec quels moyens et avec qui ? Questions de bon sens quand on sait que le candidat se trouve désormais dans une position de confort incomparable dans l'histoire des présidents de la RADP. Politiquement, il n'est plus dans le rapport de force. A savoir, dans la gestion de ces fameux «grands équilibres nationaux». L'armée est plus que jamais vouée à l'éradication du mal terroriste. Dédiée, aussi, à la professionnalisation. Economiquement, malgré la baisse durable des revenus pétroliers, l'Algérie dispose d'un matelas très confortable de devises (140 milliards de dollars) et d'un bas de laine constitué par une épargne de l'Etat de plus de 40 milliards de dollars. Et, cerise sur le gâteau présidentiel, pratiquement tous les autres clignotants de l'économie et des finances sont au vert. Assurément, dans l'avion Algérie, il y a désormais un pilote, mains fermes sur les manettes. Sur le plan purement personnel, le chef de l'Etat, œil pétillant, geste assuré et démarche souple, a retrouvé de la voix et du tonus. Loin d'une certaine image d'un homme aphone et atone qui semblait avoir également quelque problème de surcharge pondérale. Cette fois-ci, la voix, le geste et l'allure y sont. A la Coupole, on était en présence d'un Abdelaziz Bouteflika requinqué. Suffisamment ragaillardi pour donner l'impression d'avoir désormais un moral d'acier. Son bonheur, assez visible, avait la couleur bleue du décor. Pour lui, comme pour des armées en campagne, c'est évident, le moral est une clé essentielle de la victoire. Ou de la défaite. Psychologiquement, sans avoir été dans la mystique de la mort, l'homme serait revenu de bien loin après avoir failli prendre avec Belzébuth un thé à la menthe. Il n'a donc plus rien à perdre. En revanche, tout, absolument tout, à gagner. A la Coupole, le futur réélu a déjà esquissé les grandes lignes des chantiers de son troisième mandat. La tâche est gigantesque, l'ouvrage impressionnant. Ils le sont à la mesure des défis de la modernité, des retards à rattraper, du bien-être à dispenser et de la justice sociale à appliquer. Ils le sont aussi au regard du temps imparti qui implique de déclencher une révolution. Une véritable révolution culturelle devant induire une modification des mentalités. Ce n'est pas une mince affaire dans un pays où la rapine, la médiocrité et l'incompétence sont les titres les plus brillants sur les C-V d'élites vermoulues. Est-ce avec de telles clientèles que le président réélu parviendrait à mettre le pays sur les rails de la modernité économique et démocratique ? On en douterait s'il décidait finalement d'affronter les défis avec les mêmes profils et les mêmes visages. Or, le pays, qui a tant souffert de la médiocrité et de l'incurie de ceux qui sont payés pour le servir sans se servir, attend du sang neuf. Surtout, des visages de femmes compétentes et désintéressées. Elles sont nombreuses et parfaitement éligibles aux plus hautes fonctions de l'Administration et de l'Etat. Le président Bouteflika semble l'avoir compris. Déjà un très bon signe, ou promesse d'une kermesse électorale ?