Les jeux se resserrent dans le Championnat national de football. En division I comme en Super DII, chacun y va de ses propres calculs au mépris de toutes les règles de l'éthique. Et ce n'est pas le sport qui s'en sort toujours vainqueur. En haut du classement, les prétendants au titre s'imposent un sprint époustouflant. Tous les moyens sont bons, désormais, pour engranger de précieux points. Parfois, des athlètes adverses sont poignardés par des hordes locales avant même d'entrer dans l'enceinte sportive. La technique, carrément terroriste, permet le gain des points sur tapis vert. L'insécurité aux abords des stades a atteint un seuil intolérable. En bas de l'échelle, la bataille pour la survie fait rage. La pression est partout insoutenable. Les soupapes sautent l'une après l'autre. Les galeries, travaillées au corps par des «oppositions opportunistes», ne tolèrent aucun faux pas. Elles se font plus menaçantes que jamais. Les dirigeants en place se livrent à une délicate gymnastique pour se tirer d'affaire. Comme toujours, les entraîneurs en constituent les victimes. Devant la difficulté, les «présidents» chargent l'équipe technique pour se mettre, eux-mêmes, à l'abri des explosions de colère. Par dizaines, les coachs rendent le tablier. Ils sont un peu plus d'une trentaine à avoir jeter l'éponge depuis le début du championnat à ce jour. D'autres risquent encore de passer à la trappe dans les prochains jours. Un club comme le RC Kouba a déjà «consommé» 7 sélectionneurs. L'USM Annaba le talonne de près avec 6. Tous les sociétaires de l'élite, à quelques exceptions près, ont déjà changé leur staff technique au moins deux fois. Le phénomène inquiète vraiment les pouvoirs publics, les instances sportives et les amoureux du jeu à onze. La cadence actuelle du limogeage des coachs a atteint le rythme infernal d'un entraîneur par journée jouée. Bien classées ou pas, toutes les équipes sont sujettes à ces mini-révolutions internes qui déstabilisent tout le monde. L'ESS, la JSMB, la JSK ou le MCA, nul n'échappe à ce mal qui écorne la réputation et la qualité de notre football. Malgré les décisions prises par la tutelle afin de limiter à 2 ce genre de mouvements anarchiques, le fléau reste loin d'être atténué. L'entraîneur demeure toujours cette «tête de Turc» qui paye immanquablement la facture au moindre couac. Plus que tout autre métier, la profession d'entraîneur de football est aujourd'hui la plus précaire. Incompatibilité d'humeur et non-respect du contrat de travail pour une inévitable «insuffisance de résultats» font partie intégrante de la vie quotidienne des coachs, couramment jetés en pâture pour réconcilier l'équipe avec son public qui exige naturellement trophées et honneurs constamment renouvelées. Cette vérité amère est d'autant plus concrète dans les compétitions où le mot professionnalisme est manifestement usurpé. Nos championnats nationaux de football constituent à ce sujet un mauvais exemple de stabilité dans la mesure où «la valse des entraîneurs» est en passe de devenir une coutume locale qui fait les choux gras de la presse spécialisée. Cette instabilité aux commandes se solde, bien entendu, par des échecs et des errements qui coûtent cher. S'il est vrai que la «valse des entraîneurs» n'explique pas tous les déboires du football national, elle révèle, en revanche, la mauvaise gestion et les défaillances des staffs dirigeants qui succombent facilement au «chant des sirènes». Cette incompatibilité entre les coachs et leurs «employeurs» illustre le populisme et les manipulations des «apparatchiks» du football qui président aux destinées de la quasi-majorité des ligues et des formations locales. La véritable refonte du football, et du système sportif en général, doit commencer à ce niveau. Il appartient aux «présidents» et aux instances fédérales d'instaurer un code d'éthique ou une charte professionnelle pour séparer les pouvoirs et situer les responsabilités de tout un chacun. La carrière d'un entraîneur -comme celle d'un athlète, d'ailleurs- ne peut dépendre indéfiniment de l'humeur d'un «chef» qui, hélas, n'a pas nécessairement de compétences en la matière. Les entraîneurs, à leur tour, doivent aussi s'organiser pour défendre leur métier, d'abord, et leurs droits ensuite. Car, aujourd'hui, aucun entraîneur ne peut raisonnablement organiser sa propre carrière. Chacun doit payer pour ses erreurs à commencer par les dirigeants, les entraîneurs et les joueurs. Le ministère, la fédération et les clubs ont du pain sur la planche pour instaurer un minimum d'organisation dans tout ce «foutoir». Ils ne peuvent moralement se soustraire à cette responsabilité élémentaire. K. A.