De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Les cours de soutien à domicile ne datent pas d'hier. C'est devenu une sorte d'économie informelle devant la crise sociale où, d'une part, l'enseignant éprouve des difficultés à joindre les deux bouts et, d'autre part, des élèves sont impuissants à retenir ce qu'on enseigne à l'école. Le soutien scolaire à domicile, selon certains, répond à une pédagogie particulière, différente de celle du cours de groupe. Ce dernier dispense un enseignement globalisé qui suppose, pour être efficace, que tous les élèves aient le même niveau scolaire. Or, l'expérience démontre le contraire. «Le cours particulier à domicile permet la disponibilité totale d'un enseignant pour un groupe déterminé d'élèves. Le travail est adapté à leurs besoins», tient à indiquer un enseignant qui exerce ce métier chez lui. Cependant, face à un élève qui ne sait où donner de la tête, du fait d'un programme chargé et qui craint l'échec, les parents, situation oblige, poussent leurs enfants à suivre des cours au domicile d'enseignants à raison de 300 ou 500 dinars par mois. Certains parents ont affirmé que les mathématiques et le français constituent le socle de l'apprentissage. Nos professeurs assurent également un soutien scolaire dans toutes les matières sous forme d'aide aux devoirs ou de révisions, en reprenant les leçons et les exercices effectués en classe. Ce suivi permet de s'assurer que les bases indispensables sont solidement acquises. Pourtant, aucune autorité n'a réagi pour que ces cours soient donnés en classe dans les écoles. Cela dit, cette activité n'est autre qu'un travail au noir dans le soutien scolaire, alors que d'autres pensent qu'il s'agit d'un dispositif pratique et simple à utiliser pour sauver un élève assiégé par plus d'une dizaine de matières. Le soutien scolaire existe, a toujours existé de par le monde, note-t-on, et a toute pertinence à exister en complément de l'école. A ce sujet, un universitaire donnera plus de précisions : «Nous sommes entièrement favorables à la mise en place d'une étude dirigée à l'école, pour tous, tout en permettant aux parents, s'ils le souhaitent, de pouvoir faire appel à un soutien scolaire complémentaire individualisé pour leur enfant.» Les spécialistes ont indiqué à ce sujet que le soutien scolaire a existé et existe exclusivement dans un cadre illégal et que pour mettre fin a ce travail clandestin qui se fait à domicile, il est primordial de proposer un service de qualité aux familles qui font appel à des enseignants. De plus, pour lutter contre ce travail non déclaré, les organismes doivent aussi être compétitifs. Deux nouvelles mesures fiscales répondent à cet objectif, car un enseignant peut s'en sortir facilement avec un gras salaire, estimé parfois à plus de 45 000 dinars en plus de sa rétribution officielle. Car, selon certains parents et enseignants, le calcul est simple : il existe des enseignants qui dispensent, chez eux des cours de soutien à une centaine d'élèves. Ce nombre, multiplié par 500 dinars, aboutira au double du salaire que gagne l'enseignant. A cet effet, le soutien scolaire légal doit se professionnaliser pour gagner en qualité, tout en devenant accessible au plus grand nombre d'élèves et en fournissant du travail à des universitaires au chômage. A Tlemcen et dans les petites localités avoisinantes, les parents ont toujours recours aux «cours particuliers». Sur ce marché, estimé à plusieurs millions de centimes par an, voici que débarquent -face aux cours donnés par des étudiants- de nombreux enseignants de soutien scolaire. Il est arrivé à certains d'indiquer et de promettre des merveilles pour redonner du tonus à leur progéniture et leur faire décrocher les examens du bac, de sixième et du BEM... A l'instar d'autres villes, dans la capitale des Zianides, malgré une économie morose, il y a un toujours un domaine où l'on se frotte les mains tous les matins : celui du soutien scolaire. Mais si l'on explique cet état de fait sous un autre angle, on constate que ce phénomène est dû à la faillite du système scolaire et à des programmes dépassant la capacité de l'élève, qui ne retient malheureusement que le minimum. Nul ne peut nier que seul l'ancien système peut engendrer des élites et une politique doit être revue dans le cadre d'une correction du tir, car la majorité des Algériens attendent du président de la République la révision du système d'enseignement, un système critiqué depuis longtemps.