L'espace d'une présidentielle, durant laquelle les trois partis de l'Alliance ont fait front pour faire gagner l'élection à Bouteflika, le FLN et le MSP ont mis en veilleuse les crises internes qui les rongent. Le premier depuis 2004 et le deuxième depuis 2008. L'ex-parti unique n'a jusqu'à présent pas réussi à résoudre les luttes intestines qui le secouent depuis la présidentielle d'il y a cinq ans. Ni le congrès rassembleur ni le congrès ordinaire ne sont venus à bout de la crise ; les opposants à Belkhadem continuent à lui dénier sa qualité de premier responsable du parti et revendiquent plus que jamais l'organisation d'un congrès extraordinaire. Se voulant rassembleur et même réconciliateur, Belkhadem a réussi à faire «rentrer dans les rangs» ceux qui n'ont pas voulu se retrouver «sur le carreau», privilèges obligent. Ils ont d'ailleurs fait allégeance, oubliant toutes les positions prises contre les animateurs du fameux mouvement de redressement que dirigeait, entre autres, Abdelhamid Si Afif et Abdelaziz Belkhadem. Pour sa part, le MSP, dirigé par Bouguerra Soltani, vit une crise sans pareille depuis la création de ce parti par Mahfoud Nahnah. Les adversaires de l'actuel président du Mouvement de la société pour la paix lui reprochent d'avoir dévié de la ligne tracée par le cheikh et d'avoir accaparé des décisions du parti sans recourir à la choura, comme il est de tradition dans ce genre de mouvement. C'est à la veille des législatives que la crise a éclaté. Le président du MSP avait écarté la plupart des députés, dont beaucoup commençaient à lui faire de l'ombre, ayant acquis un capital expérience considérable dans le domaine de la législature et du travail parlementaire. Ils devenaient à la limite dangereux pour eux. L'argument massue trouvé par M. Bouguerra, c'est que les députés ayant accompli deux mandats devaient laisser leur place à leurs camarades, comme s'il s'agissait d'un turnover dans un jeu, alors que les enjeux étaient importants. Vinrent alors les préparatifs du congrès et l'exacerbation de la crise. Et toutes les tentatives de conciliation ou de réconciliation entre ceux qu'on appelait désormais l'aile de Bouguerra et l'aile de Menasra se sont révélées infructueuses. Agissant comme son homologue au FLN, Bouguerra Soltani a de tout temps nié l'existence de graves divergences au sein de sa formation politique, préférant parler de diversités de points de vue. Pour les adversaires du ministre d'Etat, il ne s'agit nullement de changer de ligne, préférant rester fidèle à celle tracée à la naissance du mouvement par Mahfoud Nahnah. Cette fronde est menée essentiellement par les élus siégeant à l'APN. 28 d'entre eux viennent d'ailleurs de claquer la porte du MSP pour se constituer en groupe parlementaire indépendant. Bouguerra perd ainsi 28 des 51 députés élus lors des législatives de 2007. Ce n'est pas tout, ces 28 députés ont décidé de créer le mouvement pour la prédication et le changement. Une nouvelle qui ne sera pas sans conséquences pour le MSP. Seul le RND reste cohérent, après avoir traversé une crise au lendemain de la démission de Liamine Zeroual et de l'annonce de présidentielle anticipée. Détenant les rênes du Rassemblement national démocratique, en remplacement (par un fait accompli) de Tahar Benbaïbeche, Ahmed Ouyahia a réussi la prouesse de construire un parti où la cohésion entre cadres et militants est de mise. Même si certains restent par opportunisme ou pour gérer leur carrière. Il n'en demeure pas moins que le RND est aujourd'hui le seul parti de l'Alliance qui est géré d'une main de fer. Une alliance qui risque d'être perturbée par les conflits rongeant le FLN et le MSP. Une alliance qui, faut-il le souligner ? n'arrive pas à se construire à la base, beaucoup de cadres et militants du RND ne voyant pas l'utilité pour leur parti de faire front avec une formation politique comme le MSP avec laquelle il partage très peu de chose, sinon rien. F. A.