Le président du MSP adhère au projet d'amnistie générale mais conditionne son approbation au contenu de la mouture. Mi-figue mi-raisin. La position du Mouvement de la société pour la paix (MSP) vis-à-vis de l'amnistie générale, projet que le président de la République s'apprête à mettre en chantier, dit-on, dans les semaines à venir, illustre encore une fois la fidélité de ce parti au principe cardinal, celui de souffler le chaud et le froid, auquel obéit, presque sans faille, sa ligne politique. Invité jeudi 10 février à l'émission Kanaât (convictions) de la Chaîne I, le président de l'ex-Hamas, n'a pas dérogé à cette règle acrobatique. Tout en exprimant l'adhésion de principe de sa formation au projet de Bouteflika, Bouguerra Soltani se rétracte et subordonne l'attitude officielle du MSP au seul contenu de la mouture qu'il dit toutefois attendre. Mais prudent, il met en garde lorsqu'il évoque la réconciliation nationale contre l'amalgame dont seraient auteurs certains acteurs de la scène politique, entre les deux concepts: réconciliation et amnistie générale. Là, il use d'un ton pédagogique et explique: «La réconciliation nationale prévaudra toujours entre les membres de la société.» Est-ce ainsi une manière d'insinuer que le projet d'amnistie générale est limité dans le temps? M.Soltani n'est pas homme qu'on roule aisément dans la farine. Sa prudence est de rigueur. Autre sujet qui fait mouche: l'état de santé de l'Alliance présidentielle, pacte politique contracté à la veille de l'élection présidentielle entre les trois partis, FLN, RND et MSP, pour soutenir Bouteflika alors candidat indépendant. Car certains titres de la presse font écho ces jours-ci de cas de malaise et de tiraillements, notamment entre le MSP et le parti d'Ouyahia. L'invité de la Radio dément subtilement en affirmant qu'il s'agit là d'une union qui «a permis d'éliminer le fossé qui séparait les courants islamiste et national». L'Alliance présidentielle, étant, poursuit M.Soltani, centrée autour d'objectifs et de principes communs, son principal rôle est d'oeuvrer à la gestion des affaires du pays. M.Soltani eu profite pour appeler le courant islamiste, sans toutefois nommer les partis - auxquels il s'adresse - à s'adapter aux mutations aussi bien à l'intérieur du pays que sur la scène internationale. A travers quoi? «Une nouvelle terminologie permettant de composer avec les nouvelles réalités», suggère-t-il. S'agit-il, dans ce cas de figure, des prémices d'une reconfiguration de la carte politique du pays à laquelle avait plaidé, à plusieurs reprises, le chef de l'Etat? Là aussi, M.Soltani mâche ses mots. Il ira, sur un autre chapitre, jusqu'à «sacraliser» la participation de son mouvement au gouvernement. La preuve: «C'est une stratégie constante dont nous ne dévierons point», assure-t-il comme pour exclure l'éventualité d'un retrait de l'équipe d'Ouyahia, comme cela a été colporté, dans le passé, dans les milieux politiques. Il n'y a pas lieu donc de faire de paris aussi aventureux et le chef de file du MSP ne s'est pas fait prier pour le reconfirmer. Pis, il se dresse contre toute velléité d'opposition à l'intérieur de son parti, à cette démarche. Faisant l'éloge, sur une question relative au huitième congrès bis du FLN, de «l'esprit civilisateur» qui a présidé aux assises cruciales de son partenaire de l'Alliance dont l'événement a été, selon lui, un «succès pour l'Algérie, l'alliance et la démocratie», le chef du MSP redoute, semble-t-il, le retour en grande pompe de l'ancien parti unique, plongé des mois durant dans de lancinantes crises internes. Un mot sur le projet de loi sur les hydrocarbures qui serait, dit-on prochainement, soumis au Parlement. Il rassure que le MSP ne s'opposera pas à cette loi dans sa mouture actuelle, car «le texte n'hypothèquera pas l'avenir des générations et ne suscite, par voie de conséquence, aucune crainte». La privatisation? «Qu'elle ne touche pas cependant aux secteurs de souveraineté.»