L'Espagne, qui a livré un excellent premier tour, a paradoxalement tout à craindre de l'Italie, qui a souffert pour s'en sortir mais semble animée par «l'esprit du Mondial [2006]» avant le quart de finale de l'Euro 2008, aujourd'hui à Vienne. L'Espagne, équipe jeune, technique, véloce, a séduit et impressionné, portée par ses attaquants Villa (4 buts) et Torres (1 but). L'Italie, elle, passé une «gifle» contre les Pays-Bas (3-0), s'en est sortie de justesse, avec sa tête et son cœur bien plus qu'avec ses pieds. C'est un résumé du 1er tour. Aussi, en termes de jeu, de qualité technique, les Espagnols sont à n'en pas douter les plus forts au regard des Azzurri qui devront en plus faire sans deux milieux, le récupérateur Gattuso et le créateur Pirlo, suspendus. Mais les choses ne sont jamais aussi simples. Et il ne faut pas grand-chose pour que la fière assurance du 1er tour ne s'effrite dès la première rencontre à élimination directe. Il n'y a qu'à demander aux Portugais et aux Croates. Déjà deux équipes qui, comme l'Espagne, avaient fait forte impression sont rentrées après les quarts : le Portugal de Cristiano Ronaldo, emporté par l'enthousiasme de l'Allemagne (3-2) et la séduisante Croatie, qui a échoué aux tirs au but devant l'increvable Turquie (1-1, 3 tab à 2). Deux leçons à méditer pour une «Furia Roja» qui, pour ne rien arranger, n'a plus battu l'Italie en compétition depuis les jeux Olympiques de... 1920. Cette dernière, en se qualifiant à l'arraché à la faveur d'un succès contre la France (2-0) - et d'une victoire, dans le même temps, des Pays-Bas face à la Roumanie (2-0)- revient de loin. Après 90 minutes catastrophiques face aux Néerlandais, on ne donnait pourtant pas cher de la peau des champions du monde. L'Italie pourrait d'ailleurs puiser dans les difficultés rencontrées matière à rêver, si on se réfère aux pénibles premiers tours des Mondiaux 1994 (1 défaite, 1 victoire et 1 nul) et 1982 (3 nuls) qui ne l'avaient ensuite pas empêchée de disputer deux finales, pour un triomphe en 1982 et une défaite aux tirs au but en 1994. Aujourd'hui, tous les Azzurri entonnent le même refrain : «L'esprit du Mondial [2006, année du titre] est là». En clair : «On est forts, on y croit et on va aller au bout.» Contre toute logique sportive, c'est quasiment l'Italie qui a confiance alors que l'Espagne, coutumière des premiers tours flamboyants suivis d'éliminations prématurées, doute. Mais Luis Aragones, le sélectionneur espagnol, a bien l'intention de ne pas commettre deux fois la même erreur. Au Mondial 2006, après un premier tour tout aussi brillant, les Espagnols avaient hâtivement clamé qu'ils allaient éliminer une équipe de France apparue sans idée et sans ressort, en 8es de finale : les Bleus s'imposèrent 3 à 1.Cette fois, ils se sont donc bien gardés de faire les «beaux». D'autant que l'équipe a mûri. Torres, notamment, s'est endurci à Liverpool tandis que Villa arrive à maturité à 26 ans. Les deux attaquants constitueront la meilleure arme de la sélection ibère, et le duel promet face à une défense italienne qui, «trimballée» par les Oranje, a depuis retrouvé ses vertus.