Il est venu à la discipline du kung-fu wushu par pur hasard et a eu vite fait de l'adopter au point que celle-ci est devenue pour lui une passion. Il a entamé son parcours sportif en 1995 et vite fait ses preuves. Il se projetait et se promettait à un avenir plein de succès et de consécrations, tant son talent et son engagement pour les arts martiaux étaient débordants. Son ralliement à l'équipe nationale l'avait propulsé à de grandes ambitions mais non moins mesurées. Un champion désabusé et aigri Aujourd'hui, c'est un Mansouri Moussa, puisque c'est de lui qu'il s'agit, complètement désabusé et aigri qui s'interroge sur son avenir sportif immédiat et qui se pose des questions, sans trouver de réponses, sur les dysfonctionnements et les irrégularités qui semblent être érigées en ligne de conduite dans cette discipline de manière particulière et dans tout le milieu sportif algérien, de manière plus générale. Mansouri Moussa, aujourd'hui âgé de 22 ans, a découvert le kung-fu wushu en s'inscrivant dans le club de son quartier, Bab El Oued, «Amel Baladiyat». Il commencera dans l'équipe démonstrative (exhibitions) avant d'entamer, en 1996, les compétitions. Dès cette année, il commence à donner satisfecit puisqu'il est en première position au Championnat national dans la catégorie des poussins, épreuve nanquan. Il obtiendra, également, la première place au Championnat national dans la catégorie suivante, celle des benjamins, aussi bien en première qu'en deuxième année. Il est encore premier dans la catégorie des minimes, durant les deux premières année. Lorsqu'il accède à celle des cadets, les choses commencent à se corser pour lui : «Les problèmes ont commencé à faire leur apparition avec le laisser-aller des dirigeants et le manque de financement, cela a eu des influences sur notre travail et nos résultats. Du coup, on ne faisait que rarement des déplacements à l'intérieur du pays», explique Moussa qui précise que la situation a commencé à se dégrader avec le départ de maître Djamel Amrane, le champion mondial algérien qui a introduit, pour la première fois, le kung-fu wushu en Algérie. «Ce dernier, ajoute notre interlocuteur, a fini par quitter le pays et s'installer aux Etats-Unis d'Amérique où sa carrière a encore évolué.» «Je regrette de n'avoir assisté qu'à un seul cours avec lui lorsqu'il est venu entraîner au club de Bab El Oued», enchaîne-t-il, non sans une pointe de nostalgie pour cette époque. Pas d'entraîneurs ni de perspectives D'autres entraîneurs ont fini par jeter l'éponge après Amrane, obligeant notre jeune champion national et ses camarades à un «chômage forcé» deux longues années durant. Pendant cette période creuse, Moussa a quand même pris part au Championnat national en dépit de l'absence d'entraînements cadrés, mais conséquemment à cette situation, il se classa à la troisième place. Alors, il a décidé de rejoindre le club d'Aflou (Laghouat) plus performant que celui de son quartier natal où il continuera tout de même à s'entraîner. A cette période, il était à la catégorie des juniors (–85 kg) ; il se classera en pole position dans les épreuves nanquan, jian shu et sanshu. Passé en senior, il continuera à fournir les mêmes prestations au point qu'il fut sélectionné pour rejoindre le regroupement de l'équipe nationale en 2006 et participa au Championnat national, épreuve iianshu. «On devait ensuite prendre part, mes amis et moi, au championnat arabe qui a eu lieu en Jordanie avec 13 épreuves. A notre grande surprise, nous apprenons que nous avons été déclassés et que d'autres noms ont été mis à notre place, sans comprendre le pourquoi et le comment de la chose. Finalement, l'Algérie n'a pas été représentée à cette manifestation puisque personne n'y était allé !» Moussa devait ensuite prendre part, en 2006, au spectacle préparé sous l'égide de l'autre champion du monde, Azzedine Noui, à l'occasion de la Fête de la jeunesse, le 5 juillet. Il se blessa à la cheville et à la suite d'une intervention chirurgicale, il dut arrêter de jouer pendant un an. Il reprit, en 2008, après avoir décroché, entre-temps, son baccalauréat. Il quitta le club de son quartier pour rejoindre celui de Hammamet. Faute de financement, les responsables du club annulent leur participation à une compétition nationale. Il décrochera, ensuite, la première place à la supercoupe la même année en présence des officiels algériens, dont le ministre de la Jeunesse et des Sports et son homologue chinoise. Il décrochera la première place dans les catégories nangun et jianshu. En 2009, il obtient la même place au championnat de wilaya dans les épreuves de nanshuan et de nagun et la seconde avec l'équipe nationale. Pour autant, il ne sera pas invité à représenter notre pays au championnat arabe des clubs qui se déroule encore en Jordanie, ni au championnat d'Afrique des clubs qui a eu lieu en avril dernier. «On ne comprend rien à ce qui se passe dans l'équipe nationale. Ce sont toujours les gens parachutés à la dernière minute. En mai prochain, aura lieu le championnat d'Afrique des nations au Maroc et en décembre prochain, le championnat du monde au Canada. Il faut alors s'attendre à des surprises. Ce ne seront évidemment pas les plus méritants qui représenteront le drapeau national», ajoute avec amertume Moussa. Ce dernier rappelle que le champion du monde en arts martiaux, Nacer Zemal, a pu participer au championnat du monde de Chine en 2007 par ses propres moyens. Il obtiendra le 5e place. Reculer au lieu d'avancer Moussa regrette que depuis l'introduction des arts martiaux vers 1987, les choses n'évoluent pas convenablement : «On continue de bricoler ; on recule au lieu d'avancer. Avant, il y avait une Fédération des arts martiaux ; maintenant, il n'y a que des ligues régionales. En Tunisie, les champions sont bien suivis, pris en charge et encadrés par des étrangers. En Algérie, les capacités existent mais la volonté politique n'y est pas !» Notre interlocuteur conclura en rappelant que le club qui a vu naître son talent a été le premier, en Algérie, à avoir commencé l'apprentissage du kung- fu. A bon entendeur… M. C.