De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Le cinéma d'action a joué un rôle de premier plan dans la vulgarisation et la promotion des arts martiaux. Partout à travers le monde, l'image du ninja, courageux et désintéressé, qui prend volontiers la défense des pauvres et des démunis a fait des émules parmi les jeunes. Les fictions qui racontent les exploits héroïques des samouraïs ou la puissance méditative de ces moines justiciers de la Chine antique ont eu des succès commerciaux planétaires. Des sportifs acteurs comme Bruce Lee, Jackie Chan, Vandamme, Bruce Willis ou Steven Siegel, pour ne citer que ceux-là, ont incontestablement éveillé des passions dans le cœur du jeune public qui contemple inlassablement leurs prouesses techniques devant un petit écran. Dans le sillage des héros du cinéma A partir du début des années 1980, les arts martiaux ont conséquemment connu un boom sans précédent en Algérie. Le karaté-do et le judo, en premier lieu, puis tant d'autres disciplines sont venues se greffer sur un dense tissu de salles rudimentaires ouvertes çà et là. Aujourd'hui, l'on compte plus d'une quinzaine branches dont il n'est aisé de retenir ni l'orthographe ni la prononciation aux consonances extrême-orientales évidentes. L'aïkido, le yoseikan budo, le kung fu, le kempo, la boxe pieds-poings, le kickboxing ou le vo-Viêtnam sont autant de sports et de cultures de combat pratiqués quotidiennement dans nos contrées. Dans chaque commune ou même dans les villages éloignés, on trouve toujours un garage, un hangar ou une salle qui propose une formation dans un style donné. Ces dernières années, les pouvoirs publics ont commencé à accompagner cette dynamique en érigeant des centre sportifs de proximité avec des espaces parfaitement équipés pour cela. Des entraîneurs, souvent d'anciens athlètes qui ne veulent pas raccrocher et des vétérans qui veulent se rendre utiles, proposent leurs services d'apprentissage contre de modiques cotisations qui leur permettent d'arrondir leurs fins de mois. De nombreuses familles y inscrivent leurs rejetons pour cultiver leur sens de la discipline et compléter leur éducation morale et physique. Des dojos poussent comme des champignons Il y a des dizaines d'établissements de ce genre à travers la wilaya de Béjaïa. Les maisons de jeunes, les CSP, des voûtes sportives communales ou des édifices privés abritent ces écoles. C'est dans les zones rurales, là où les loisirs sont généralement rares, que l'on trouve une forte densité de ces pépinières de talents en herbe. C'est à ce niveau aussi que se fabrique la performance. La preuve : un petit club quasiment inconnu de la commune – également anonyme- d'Illoula Oumalou dans la wilaya de Tizi Ouzou vient de s'illustrer au championnat arabe de kung fu wushu en raflant pas moins de six médailles. L'équipe Anourar (jouons !) a réussi à Amman (Jordanie) un pari digne d'une grande formation. L'autre sociétaire algérien à ces joutes, auxquelles ont participé dix pays arabes, a gagné à son tour 3 médailles. La petite bande de Tissemsilt a, en effet, créé, aussi, une joyeuse surprise à ce même rendez-vous. Ces petites écoles de l'arrière-pays recèlent de grandes potentialités dans ces disciplines individuelles mêmes si elles sont souvent délaissées en matière de financement et de sponsoring «L'équipe pouvait réaliser mieux lors de ce championnat», s'accordent à dire les responsables de ces deux clubs champions, soulignant fortement l'absence d'encouragement et de prise en charge de la part des autorités, qui n'auraient assuré à cette occasion que les frais de transport. Récemment encore, beaucoup d'observateurs ont été surpris par la brillante performance des judokas de la JM Béjaïa, détenteur de la coupe d'Algérie en 2008. Créée fin 2007, la JMB a formidablement réussi son bras de fer face à des spécialistes comme l'USM Alger et le MCA. Pour son premier exercice, le club compte déjà à son palmarès 12 médailles (filles et garçons), une Coupe d'Algérie seniors dames (5 médailles d'or), trois qualifications aux Jeux universitaires arabes, et une brillante qualification aux Jeux universitaires africains. «Mis à part les moyens humains, on manque de tout. Que faire avec 10 millions de centimes de subvention quand on manque de salle, de tapis, d'équipement, de vestiaires. Heureusement que la DJS nous a octroyé dernièrement un tapis pour combler un peu ces carences. Toutes les personnes qui gravitent autour de l'équipe sont des bénévoles et se donnent à fond par amour au judo», déclarait Karim Touati, manager et co-entraîneur de l'équipe, au lendemain de ce sacre largement mérité. Des pépinières à accompagner Aussi bien à Béjaïa que dans d'autres wilayas, il y a un intérêt manifeste à accompagner ces petites formations de l'Algérie profonde qui ont des potentialités humaines à faire valoir, pourvu que les responsables locaux leur accordent la confiance qu'il faut. Des dizaines de clubs et de cercles sportifs cravachent durement dans ce sens avec des prédispositions à créer d'heureuses surprises comme celles qu'on vient d'évoquer. Avis aux autorités et aux sponsors privés !