De notre correspondant à Constantine A. Lemili La coordination du mouvement associatif de la wilaya de Constantine qui abrite officiellement 450 associations est montée au créneau dans la matinée d'hier en donnant une conférence de presse dans laquelle elle n'épargne pas le premier responsable de la wilaya, pas plus que le reste des directeurs de l'exécutif qu'elle qualifie de «subalternes aux ordres réagissant aux instructions de leur chef… les doigts sur la couture du pantalon, sans concession». A l'origine de cette sortie médiatique, l'interdiction d'antenne faite au président de la coordination de continuer à animer une émission d'utilité publique sur les ondes de la chaîne de radio régionale (locale) au cours de laquelle était donné «le micro aux représentants d'associations et parfois aux auditeurs qui intervenaient en live pour exposer les difficultés dans lesquelles ils se débattaient quotidiennement». L'avantage de cette émission est qu'elle ne consistait pas pour ses animateurs à poser seulement les problèmes mais surtout à préconiser les solutions. «Nous mâchions en ce sens en partie le travail de l'administration et de ses différentes institutions en élaguant les difficultés évoquées de leurs contraintes essentielles et parfois parmi les plus ardues.» Mais en ne filtrant pas, vu le caractère indépendant de l'émission, certaines interventions qui mettaient trop souvent en cause le wali et ses collaborateurs, l'association a été récemment informée de sa suspension. «Le directeur de la station étant visiblement gêné par des instructions venues d'ailleurs.» Du coup, Mohamed Latafi, le président de l'association, a décidé d'organiser cette rencontre avec les journalistes et d'aller vers une autre forme de communication avec les habitants de l'ensemble de la wilaya, à savoir la relayer via la presse écrite. L'un des membres de l'association représentant la populeuse cité Zouaghi (hauteurs de la cité) demandera à «ce que cette stratégie de communication ne soit pas séquentielle mais répétitive en ce sens que les autorités ne réagiront qu'à l'usure». En ce qui le concerne, Med Latafi évoquera les pressions insoutenables de nature professionnelle et personnelle qu'il n'a pas arrêté de subir depuis une dizaine d'années. «C'est-à-dire depuis que j'ai fait mienne la vocation de prendre en charge dans un cadre organisé les problèmes et difficultés de toute nature que vivaient mes concitoyens.» Il est vrai que la coordination avait été à l'origine au cours de l'année 2000 d'un rapport explosif de près de 100 pages intitulé «Main basse sur la ville –une mafia règne sur Constantine» qui avait été remis au chef de gouvernement de l'époque [Ali Benflis] mais demeuré sans suite. Dans ledit rapport qu'il nous avait été donné à la même époque de consulter figuraient dans les détails toutes les attributions scélérates de logement, locaux commerciaux, recrutement sur intervention, relations clientélistes. Des informations qui pouvaient compromettre bien des carrières, à commencer par celle de l'inamovible chef de cabinet du wali (quoique en âge de partir à la retraite depuis juillet 2007). C'est la question de l'omniprésence du même chef de cabinet dans tous les rouages de l'administration, ses ramifications dans certaines affaires qu'évoqueront encore une fois les différents intervenants du mouvement associatif après avoir mis en exergue les problèmes d'insécurité, le mal-vivre dans leurs cités. En clair, le cadre de vie général. Et à l'unanimité les présidents d'associations de quartier à la dimension d'un village comme les cités Boussouf, Zouaghi et Aïn Nehass dénonceront le refus du wali de répondre à leurs demandes d'audience, comme ils dénoncent la désinformation d'une ampleur phénoménale du développement local, une désinformation qui a été jusqu'à l'utilisation des canaux officiels d'information comme la télévision, la radio et le bimensuel édité par les services du wali.