Alors que les dirigeants des principaux groupes automobiles tablent sur une croissance confortable de leurs ventes en Chine, la progression des ventes sur le premier marché mondial aiguise l'appétit des constructeurs locaux. Au Salon automobile de Shanghai, les constructeurs chinois, longtemps dépendants de la technologie de leurs partenaires étrangers, dévoilent désormais des véhicules haut de gamme sous leur propre marque, en espérant qu'ils leur permettront d'accéder au marché mondial. «Alors que les autres marchés plient avec la crise mondiale, la Chine a adopté les mesures appropriées au bon moment afin de garantir la stabilité de l'économie et la croissance du marché automobile», commente le président de Toyota Katsuaki Wanatabe. «Le marché chinois suscite chez nous davantage d'espoirs et d'attente qu'auparavant.» Les ventes de voitures en Chine ont progressé en mars dernier de plus de 10% en rythme annuel, notamment en raison des mesures incitatives adoptées par Pékin. Kevin Wale, directeur général de General Motors en Chine, a déclaré lors d'une conférence de presse que son groupe, en pleine course à la restructuration, tablait sur une croissance de 5 à 10% de ses ventes chinoises. Le mois dernier, les ventes de GM ont grimpé en Chine de 25% en rythme annualisé. «Pour rester un leader mondial de l'industrie, GM doit demeurer un leader en Chine et en Asie Pacifique», estime Nick Reilly, directeur de GM pour la région. Le japonais Honda anticipe, quant à lui, une progression de l'ordre de 10% en 2009, à 520 000 unités. Mais à l'avenir, ces poids lourds de l'automobile pourraient rencontrer une concurrence plus vive sur ce marché. SAIC Motor, coentreprise de GM, a annoncé que ses ventes de voitures de tourisme avaient été multipliées par quatre, quoiqu'à un volume très modeste de 18 000 unités. Le chinois BYD, qui fabrique à la fois des batteries et des véhicules, a prévenu de son côté qu'il s'attendait à doubler ses ventes à 400 000 unités cette année. Pour Chongqing Changang Auto, partenaire de Ford, les difficultés rencontrées par la plupart des constructeurs automobiles pourraient servir de tremplin aux groupes chinois et leur permettre de réaliser des acquisitions. «Plus longtemps durera cette crise, plus grande sera la probabilité de voir échouer certains constructeurs européens et américains, et cela ouvre une porte aux chinois», a déclaré son président Xu Liuping. Changan fait partie des nombreux groupes qui ont fait part de leur intérêt pour Volvo, que Ford cherche à céder. Mais plutôt que de se polariser sur la menace potentielle que leurs concurrents chinois font peser sur eux, les dirigeants étrangers présents à Shanghai préfèrent mettre l'accent sur les opportunités offertes par le premier marché automobile mondial. «Nous sommes pour l'instant du bon côté du manche dans cette partie du monde parce que la crise économique n'a pas modifié notre approche ou nos prévisions ici en Chine», déclare Ulrich Walker, qui dirige les activités de Daimler en Asie du Nord-Est. Andy Palmer, un des dirigeants de Nissan ne dit pas autre chose. «Cette année a été turbulente d'autant que la crise financière et économique mondiale ne montre aucun signe d'essoufflement.» Pourtant, malgré cette tendance négative, la Chine reste un rayon de soleil pour Nissan, à la fois en termes de croissance et de potentiel. Reuters