De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Dans les wilayas de Annaba, d'El Tarf et de Guelma, les protestations des populations se suivent mais ne se ressemblent pas et ont tendance à se multiplier jusqu'à toucher les petites localités et villages situés sur les principaux axes routiers. Ces manifestations sont, pour la plupart, menées par des jeunes qui veulent que les autorités prennent en charge leurs problèmes. Ainsi, dimanche dernier vers 8 h 30 du matin, à Bouchegouf au niveau du pont du village Drablia, la route nationale 16, principale voie reliant les wilayas de Tébessa, de Souk Ahras et de Guelma à la wilaya de Annaba, a été fermée à la circulation par des manifestants. Des pneus brûlés, des troncs d'arbre, de grosses pierres et des objets de toutes sortes bloquaient la route et empêchaient toute circulation dans les 2 sens. Des centaines de voitures ont dû rebrousser chemin et emprunter d'autres routes secondaires pour arriver à destination. Les automobilistes venant de Souk Ahras et de Tébessa ont dû faire 50 à 60 km en plus en passant par la ville de Guelma et en empruntant la RN 21 pour rejoindre El Hadjar et de là continuer sur Annaba. D'autres ont attendu pendant plus de 4 heures avant que le barrage soit levé par les manifestants suite à l'intervention des forces de l'ordre pour enfin repartir. Certains, parmi les manifestants, ont été arrêtés par les policiers pour être présentés à la justice pour trouble à l'ordre public. A Oued El Aneb, dans la wilaya de Annaba, les manifestants ont récidivé lundi dernier en fermant carrément le siège de l'APC et empêchant les fonctionnaires de rejoindre leurs postes de travail. Les jeunes de cette petite localité paisible qui a souffert durant des années des horreurs du terrorisme protestaient contre le fait que le quota de postes attribué dans le cadre du pré-emploi est réduit et ne peut suffire au nombre important de chômeurs. Certains parmi les manifestants accusent les responsables locaux de distribuer ces postes aux amis et aux connaissances sans respect aucun des critères édictés par la réglementation régissant cette opération. Le chemin de wilaya n°12 a été fermé à la circulation par les manifestants qui ne voulaient rien entendre malgré la médiation de certains notables. Ils disaient que les promesses faites par les autorités locales avant les élections n'ont pas été tenues et qu'ils ne croient plus personne. Là aussi les forces de l'ordre sont intervenues pour rétablir la situation en procédant à quelques arrestations parmi les meneurs. A Dréan et Chbaïta Mokhtar dans la wilaya d'El Tarf, de violentes manifestations ont éclaté et ont causé des dégâts localisés surtout au niveau du bureau de l'Alem et des commissariats de police qui ont été touchés par des jets de pierres et d'objets de toutes sortes. La RN 16, comme nous l'avions rapporté lundi dernier, avait été coupée par les manifestants pendant tout l'après-midi avant d'être rouverte dans la soirée par la police d'intervention qui est toujours sur les lieux, déployée aux points stratégiques pour parer à toute éventualité. Un calme précaire régnait sur la localité de Chbaïta Mokhtar où des jeunes étaient encore rassemblés en petits groupes observant les mouvements des policiers des brigades d'intervention. La circulation rétablie dans les 2 sens, les automobilistes de passage traversaient prudemment la localité, remarquant les traces de fumées noires sur la chaussée et des pneus sur le bas côté de la route. Ces manifestations qui éclatent chaque jour dans les triangles formés par les 3 wilayas sont en réalité un appel au secours des jeunes au chômage et qui attendent depuis des années d'être insérés dans l'un ou l'autre des dispositifs d'emploi créés essentiellement pour eux. L'absence de communication et de dialogue, les comportements irresponsables de certains, la hogra et le mépris envers cette catégorie de la population sont à l'origine de ces protestations qui, fort heureusement, n'ont pas fait de victimes. La situation ne peut pas durer ainsi et il faudra que les instances supérieures du pays s'y intéressent un peu plus, il y va de l'avenir de l'Algérie.