De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Depuis maintenant près de 3 mois, les travailleurs de TransmetBois, une entreprise publique spécialisée dans la fabrication du mobilier scolaire, située sur la RN 16 à l'entrée Est de Annaba, organisent de manière cyclique des protestas. Manifestations qui s'expriment parfois violemment et se transforment en affrontements avec les forces de l'ordre qui interviennent à chaque fois. Les travailleurs, qui avaient au départ protesté auprès de la direction de leur entreprise pour que leur soient versés leurs arriérés de salaires de plus de 6 mois, n'ont pas eu gain de cause, la direction ne disposant pas de la trésorerie nécessaire pour payer son personnel et les banques ne voulant pas accorder des crédits à une société en faillite. Très vite la situation a dégénéré et les travailleurs, des pères de famille pour la plupart, en sont venus à barrer la RN 16, principale voie de communication de la ville puisque reliant les wilayas de Guelma, de Souk Ahras, de Tébessa et d'El Tarf à Annaba. Une à deux fois par semaine, des pneus sont brûlés, la route barrée avec des objets divers et la circulation fermée pendant des heures. A chaque fois, les forces de sécurité interviennent pour rétablir l'ordre mais rien n'y fait et la même situation est rééditée 3 ou 4 jours après. La valse des directeurs nommés et démis par le holding pour essayer de remettre sur les rails cette société n'a pas réglé le problème, bien au contraire, la situation empire à tel point que l'entreprise en peut même plus payer ses factures d'électricité, de gaz, d'eau et de téléphone, une entreprise coupée de tout. A l'origine de cette situation, une gestion catastrophique aggravée par des dépenses dépassant de loin les maigres recettes de la société disposant, pourtant, d'un plan de charge qui pourrait largement couvrir les besoins d'un bon fonctionnement et même permettre d'engranger des bénéfices. En effet, cette entreprise est la seule dans l'Est algérien à disposer d'équipements et d'une main-d'œuvre qualifiée pour la fabrication du mobilier scolaire et elle a en quelque sorte un monopole sur ces produits. «Les commandes ne manquent pas et nos clients sont les communes et les directions de l'éducation de l'Est algérien. Normalement, on peut honorer facilement ces commandes pour peu qu'on ait la matière première ; hélas, ce n'est pas le cas !» nous a rapporté un travailleur visiblement très en colère. «C'est leur faute, nous déclare un autre en désignant le siège de la direction, nous ne demandons rien, nous voulons seulement être payés et nous remettre au travail, c'est le pain de nos enfants. Moi, je suis ici depuis l'ex-SNLB, et des directeurs, j'en ai vu, mais c'est bien la première fois que cela nous arrive. Regardez, des machines à l'arrêt, des travailleurs qui chôment et des manifestations chaque semaine. Les pouvoirs publics n'interviennent pas sauf pour dégager la RN 16, ce n'est pas la solution et nous continuerons tant que la situation n'est pas réglée.» Pour les syndicalistes, le problème est vu sous son angle financier. «Nous avons un plan de charge important que nous pouvons réaliser et qui nous permette de nous en sortir mais les banques ne veulent pas nous avancer l'argent pour acheter la matière première et nous sommes bloqués. D'un autre côté, l'entreprise détient des créances auprès de la direction de l'éducation de Sétif que personne au niveau de la direction ne veut recouvrer ; le service contentieux ‘‘dort'' et ne veut pas s'impliquer», nous déclare un syndicaliste. Un autre qui a préféré garder l'anonymat soupçonne une volonté de la part de certains de pousser au pourrissement pour amener les travailleurs à accepter un plan social qui prévoit des départs volontaires et des retraites anticipées de façon à liquider cette entreprise. L'objectif inavoué, selon ce syndicaliste, est d'accaparer les biens de TransmetBois, particulièrement les terrains dont elle est propriétaire, une superficie de près de 4 hectares très bien située et aménagée disposant de toutes les commodités. «Cela aiguise les appétits et suscite bien des convoitises, ‘‘ils'' l'ont bien fait pour beaucoup d'entreprises mais nous serons là pour les en empêcher», laisse-t-il tomber en guise de conclusion.