Sa grandeur et sa valeur n'avaient d'égal que son humilité et sa modestie. Sa douceur légendaire, son regard tendre et sa silhouette frêle, cèdent désormais la place à son souvenir qui hante déjà les couloirs et les boxes de la Radio. Sa voix s'éteint après avoir tenu jusqu'au bout, vaille que vaille, alors qu'il se savait malade, se savait partant. Mais Mohand n'a jamais laissé un soupçon de complainte le trahir, n'a jamais permis à un regard de compassion se poser sur lui. Il était l'un des piliers de la Chaîne III et ses collègues comptaient sur lui pour les orienter, les aider à accomplir leur mission, pour les consoler quand le besoin se faisait sentir. La corporation a perdu un journaliste talentueux aimant travailler dans l'ombre, loin des feux de la rampe. Mohand était aussi un homme engagé pour les causes nobles et justes, aussi bien nationales qu'internationales. Il a milité pour les droits des femmes, pour les droits des citoyens, tous les droits, il a soutenu le combat identitaire et démocratique. Il s'est donné corps et âme dans une association caritative d'aide aux handicapés moteurs. Pendant les années quatre-vingt, Mohand était à l'avant-garde du Mouvement des journalistes algériens, menant le double combat syndical et des libertés démocratiques. Quand il a vu son combat aboutir, quand les lueurs de l'après-Octobre 1988 ont illuminé l'Algérie, il a caressé, comme ses confrères et toute une génération, l'espoir fou de voir renaître une Algérie libre où le droit à la différence et à la libre opinion s'enracinera à jamais. Mohand a vite déchanté quand les prémices du chaos programmé ont commencé à assombrir le ciel de son pays qu'il aimait tant. C'est pourquoi Mohand a choisi de s'accrocher à l'autre espoir fou de voir l'Algérie s'en sortir et n'a jamais quitté la terre qui l'a pétri. La douleur de sa femme et celle de sa famille doivent être incommensurables tant son absence est insupportable, tant sa présence était apaisante. Mohand était surtout un homme d'honneur. Ses amis, ses connaissances, son entourage le savaient et pouvaient compter sur lui. Repose en paix l'ami, tu nous manques. A. G.