La presse nationale, les microcosmes et les appareils, pour ne pas faillir à la tradition, ont été, chacun de son côté, jusqu'à dresser le portrait-robot du parfait gouvernement qui aura la mission de réaliser les promesses faites par le candidat Bouteflika. Et cela dans un laps de temps relativement court, celui du mandat présidentiel en cours. Dans très peu de temps, le gouvernement remanié ou non sera connu et des commentaires très diversifiés s'épuiseront pour laisser la place aux vrais problèmes économiques, d'ordre démocratique, sociaux et même de société dans un pays où en 2009 un ancien ministre explique que l'islam n'interdit pas la pratique sportive aux femmes. L'événement à lui seul explique la profondeur d'une régression que des gens de bonne volonté s'épuisent à combattre. Les retards et les dysfonctionnements, la corruption à grande échelle, la faiblesse de la justice qui n'est pas encore un pouvoir, la dégringolade du sport, tous les handicaps majeurs pour un développement équitable ont été passés en revue par M. Bouteflika durant les trois dernières années, et parfois à travers une diffusion dans les médias lourds. Le chantier emblématique du piétinement national est bien celui de l'échec retentissant du plan Ousratic I. Dans son édition du 20 avril dernier, la Tribune a révélé, selon l'avis d'experts, les causes de l'échec qui s'avèrent profondes car elles touchent le niveau d'instruction des Algériens, leur niveau de vie et les avatars du haut débit dans le pays où même une bibliothèque universelle est mise en ligne. Ousratic II, nous dit-on, est venu corriger tous les défauts de la précédente opération. Mais est-ce que le pouvoir d'achat, le niveau d'instruction des Algériens ont connu des méliorations spectaculaires ? Sans oublier que le coût du PC a baissé pour que chaque famille ait le sien. Les chantiers déterminants qui attendent le président de la République sont connus et longuement détaillés par lui-même, l'opposition et de nombreux chercheurs et experts nationaux. Il y a des priorités, des urgences et certaines dépenses parfaitement inutiles à éviter dans l'avenir immédiat. La semaine dernière s'est tenue à Alger la traditionnelle assemblée de l'Union européenne de radio-télédiffusion (UER), avec un thème central : la radio et la TV à l'ère du numérique. Dans cette organisation plus diplomatique que réellement espace d'échanges, la France joue un rôle essentiel. Depuis que l'UER existe, combien d'heures de programmes de la rive sud ont été achetées ou diffusées par les TV d'Europe comparé au volume d'achats des pays du Sud ? La réponse éclaire sur le peu d'utilité de l'UER, sachant les obligations communautaires faites aux chaînes pour produire, co-produire et diffuser des créations européennes selon les quotas fixés. Et dans ce cas, les TV du Sud ne sont pas concernées et l'Algérie n'est pas membre de l'UE. La numérisation, quant à elle, n'est même pas une réalité dans un pays aussi développé que la France. La radio numérique terrestre n'est pas un simple sujet de conférence. C'est une révolution qui demande des investissements et un coût pour le citoyen. Le poste doit être numérique et tous les autres récepteurs (baladeurs, autoradio, téléphone portable…) doivent être, eux aussi, numériques. Les radios devront investir lourdement pour produire et diffuser des sons numérisés reçus sur des appareils numériques, etc. Avec la concurrence de l'Internet, un son de qualité pour les radios reçu par satellite sur un poste TV… L'Algérie a d'autres priorités et si peu de radios et TV pour se piquer de coquetterie numérique qui va avec une offre très large. Des réponses seront peut-être apportées par le prochain gouvernement car il y a des priorités et des écrans de fumée. A. B.