Entretien réalisé par notre envoyée spéciale à Timimoun Amel Bouakba La Tribune : présentez-nous Point Afrique... Maurice Freud : Point Afrique est une coopérative de voyages qui s'inscrit dans le cadre d'une économie sociale, c'est-à-dire que l'argent qui est gagné dans le tourisme est aussitôt réinvesti. La création de cette entreprise remonte à 1995. L'idée était venue de créer une liaison aérienne s'appuyant sur un tourisme de développement économique et social au profit des populations locales. Une sorte de tourisme social pour aider les populations des régions déshéritées. Mon objectif était de ramener des touristes pour désenclaver les régions démunies, d'apporter de l'espoir et les aider à vivre dignement. C'est ainsi que Point Afrique s'est engagé dans la prise en charge d'une série de vols entre la France et Gao dans le but notamment de désenclaver une région particulièrement défavorisée. Qu'est-ce qui vous a interpellé dans la destination Algérie ? L'Algérie est un pays tout à fait extraordinaire avec ses paysages diversifiés et son sahara. J'ai eu à découvrir Tamanrasset en 1997 et j'ai constaté que la région présentait des potentialités énormes et même la sécurité était assurée contrairement à l'image véhiculée à cette époque. J'estimais qu'il était vraiment dommage qu'un tel pays soit privé de touristes alors que, dans les années 80, on comptait 25 000 touristes, essentiellement des Français dans le Sud notamment. Ainsi, le premier avion de Point Afrique a atterri en décembre 2000 avec à son bord 200 touristes français qui ont pu découvrir le Hoggar et ses merveilles. Le pari était réussi. Malheureusement, la région a traversé une période d'insécurité en 2003, ce qui a causé un bref arrêt et a quelque peu perturbé la saison touristique. Mais nous n'avons pas vraiment cessé nos activités, elles ont tout juste baissé momentanément. Ce n'était toutefois que partie remise. Ainsi à partir de 2008 et avec la volonté affichée du ministre du Tourisme, les perspectives se sont ouvertes de plus belle, d'autant qu'il s'est engagé clairement à développer le tourisme saharien. Nous adhérons complètement à la politique de Rahmani et à son schéma directeur du tourisme qui mise sur le développement des pôles d'excellence, dont Ghardaïa et Timimoun. Aujourd'hui, l'avenir du tourisme en Algérie est tout à fait prometteur. Nous comptons lancer des séjours touristiques hebdomadaires à partir de Marseille et Paris vers Tamanrasset, Djanet, Ghardaïa et Timimoun. Point Afrique entend également transporter à partir de Bâle des touristes allemands et suisses à destination du Sud algérien. Quel bilan faites-vous de la saison touristique Sahara 2008 ? J'estime que la saison touristique a été bonne. Nous avons enregistrés 4200 touristes français, à partir de Marseille et Paris,à destination de Tamanrasset et Djanet et 450 autres vers Ghardaïa, Timimoun. Ce qui fait ressortir une progression appréciable de 30% par rapport à l'année dernière et ce, malgré la crise économique. Il ne faut pas oublier à ce propos que la crise a secoué fortement le secteur du tourisme dans le monde. Le désert algérien a tout pour attirer les touristes qui recherchent avant tout un voyage d'émotion. En tant que professionnel du tourisme, quelles sont les insuffisances que vous avez constatez dans les régions du sud ? Les insuffisances se posent notamment en matière d'accueil et dans la dégradation des infrastructures hôtelières du fait de l'absence de clientèle durant des décennies. Il est dans ce sens important de réhabiliter les structures existantes et d'encourager les investissements dans ce domaine afin de répondre à la demande. Pour quel type de tourisme en Algérie plaidez-vous ? J'estime qu'il ne faut pas faire les erreurs des pays voisins qui ont opté pour un tourisme de masse. Je plaide entièrement pour un tourisme d'échanges, un tourisme culturel qui s'inscrit dans l'éco-tourisme et le développement durable, ce qui souvent n'a pas été fait au Maroc et en Tunisie . Après le grand sud, comptez-vous aller explorer d'autres régions en Algérie ? L'Algérie recèle des potentialités énormes et des paysages éblouissants qui sont malheureusement inexploités. Nous avons l'intention de découvrir d'autres régions en Algérie et de les insérer dans les circuits touristiques. Il s'agit notamment de la région des Aurès et de la Kabylie. Il n y' a pas que le pétrole et le gaz, l'Algérie doit se tourner vers le tourisme, car il est générateur de revenus.