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Afin que Timimoun renaisse de ses cendres !
La nécessaire prise en charge de l'Oasis rouge
Publié dans La Tribune le 26 - 04 - 2009


De notre envoyée spéciale à Timimoun
Amel Bouakba
La ville ocre compte 100 ksour. Cette région comme d'autres dans notre immense grand Sud a besoin d'être boostée. Cette situation a interpellé les pouvoirs publics et le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme.
Le ministre Cherif Rahmani s'est engagé à promouvoir Timimoun et le tourisme saharien, en encourageant les investissements dans les régions enclavées. Sa récente visite dans l'Oasis rouge, dans le cadre de la clôture de la saison touristique Sahara 2008, a été, pour lui, l'occasion de réitérer ses engagements pour faire de cette région une destination de choix et un produit pour fidéliser les
touristes étrangers. Depuis qu'il est à la tête du ministère du Tourisme, M. Rahmani a lancé une série de projets dans le but de donner un coup de fouet au secteur, particulièrement le tourisme saharien. M. Rahmani a rappelé que «le tourisme est en construction», affirmant qu'il veut faire du Sahara une destination plus attractive avec l'adhésion des habitants, conformément à la stratégie de relance du tourisme et au plan qualité Algérie. Il appellera ainsi à la nécessité de reconstruire le rêve de la destination Algérie et de faire revivre les années fastes du tourisme algérien. La réhabilitation des infrastructures hôtelières, l'amélioration de l'accueil et des prestations de services, la construction de villages touristiques sont autant d'axes prioritaires figurant dans son programme.
Tassili Airlines se lance dans le tourisme
Désormais, la compagnie Tassili Airlines, filiale de Sonatrach, va s'investir dans le tourisme. C'est ce qu'a annoncé Cherif Rahmani à partir de Timimoun. Rachid Nouar, représentant du DG de Tassili Airlines, a indiqué que la compagnie aérienne allait renforcer son réseau, sa flotte aérienne et s'orienter vers le tourisme. Tassili Airlines dispose actuellement de 27 aéronefs et devra en acquérir 9 autres appareils. Elle compte se lancer dans un premier temps dans des vols régionaux avant de s'étendre, dans une deuxième étape, aux lignes extérieures, indique M. Nouar, ajoutant que les tarifs seront étudiés. Dans le cadre de ses perspectives 2009-2013, Tassili Airlines compte réaliser un centre de maintenance nouvelle génération, à l'aéroport de Dar El Beida et un centre d'exploitation ultramoderne.
Le volet formation n'est pas en reste, puisque la compagnie entend former 120 pilotes et une centaine d'ingénieurs.
Prochaine rénovation de l'hôtel Gourara
Installé à la direction de l'hôtel depuis à peine un mois et demi, Hamou Ouyahia indique que le Gourara va fermer ses portes en juin pour rénovation. «Cet hôtel figure parmi les 9 hôtels qui vont être complètement réhabilités», dit-il. Le célèbre hôtel Gourara est dans un état de délabrement avancé. Construit en 1973 par le célébrissime architecte français Fernand Pouillon, il n'a pas depuis bénéficié de réhabilitation. Doté de 96 chambres doubles au tarif de 2 600 dinars chacune, cet hôtel trois étoiles appartient à l'Entreprise de gestion touristique de l'Ouest.
La rénovation de l'hôtel Gourara s'inscrit dans le cadre de la réhabilitation de huit autres hôtels dans le grand Sud, a annoncé le ministre. Le directeur loue les mérites de la politique touristique de Rahmani qui permet à l'hôtel de bénéficier d'une réhabilitation et d'être mis à niveau des standards internationaux. S'agissant du taux d'occupation de l'hôtel, il a atteint les 65%, soit une progression de 40 à 42% par rapport aux années précédentes, se félicite M. Hamou Ouyahia. Il faut dire que le problème de l'eau est l'une des préoccupations qui se posent avec acuité dans la région. «Bien que Timimoun soit riche en eau, les pénuries de cette denrée rare se posent de plus en plus ces dernières années», fulmine un habitant de la région. Lors de notre passage à l'hôtel, les robinets étaient à sec. La population souffre de pénuries répétées d'eau et du problème des eaux usées qui attirent les moustiques et provoquent diverses maladies.
La palmeraie livrée à elle-même
Le grand Sud s'ouvre aux investisseurs et aux touristes étrangers, séduits de plus en plus par le Sahara. Le ministre a fait appel à de nombreux partenaires, comme les tour-opérateurs, l'ONAT et l'ONT, le voyagiste Pont Afrique, spécialiste du tourisme africain, Tassili Airlines, qui s'investit dans le tourisme et devient une compagnie orientée dans ce sens. Elizabeth Taglang est une touriste française qui découvre pour la première fois Timimoun. Elle avait auparavant visité Tamanrasset et s'était follement éprise du grand Sud algérien : «Je suis une grande amoureuse du désert saharien», dit-elle. «La vie des hommes dans un monde aussi hostile m'intéresse, me passionne, une vie toute simple, sans fard ni artifices…
Voyager dans le Sahara est pour moi une formidable aventure que je suis prête à renouveler», confesse-t- elle, non sans constater certaines insuffisances, notamment en matière d'infrastructures hôtelières qui, dit-elle, sont en nette dégradation : «Il est vrai que, quand on vient dans le désert, on ne cherche pas le luxe mais toujours est-il que la qualité du service doit être de rigueur si l'on veut développer le tourisme saharien», confie notre interlocutrice. Et d'ajouter : «A titre d'exemple, je raconte cette petite anecdote : je me suis foulé la cheville hier et j'avais raté les horaires du déjeuner de l'hôtel [Le Gourara, ndlr] qui ferme à 14 heures. Je ne pouvais pas non plus me déplacer et acheter de quoi manger à l'extérieur de l'hôtel. J'ai fait un tour à la piscine, je n'ai pas trouvé de quoi manger… j'ai sollicité les responsables des lieux même pour un petit sandwich mais en vain. Passé les horaires du déjeuner, on ne pouvait rien servir, ce qui est inconcevable», lâche cette touriste française. «Pourtant, ce sont des devises qui seraient rentrées et chacun y aurait trouvé son compte… ces mentalités figées ne peuvent pas faire avancer le tourisme, il faut bousculer les habitudes si l'on veut relancer le secteur, notamment dans les régions sahariennes.» Selon elle, «quand on est dans un hôtel, il faut que tout fonctionne pour attirer les touristes et non le contraire». Elle reconnaît toutefois que l'accueil reste fort chaleureux et l'hospitalité au rendez-vous dans le Sahara. Je vois qu'il y a une volonté de la part du ministre du Tourisme, ce qui est une bonne chose, ce sont des régions tellement sublimes qui gagneraient à être développées», indique encore cette touriste.
Elle explique cependant qu'elle ne recherche pas un tourisme de masse comme c'est le cas en Tunisie ou au Maroc mais un tourisme culturel qui intègre le développement des populations et l'artisanat de la région : «J'ai eu l'occasion de voir des femmes de Timimoun qui font de petites merveilles artisanales, ce qui mériterait d'être encouragé.» Mais devant la célèbre palmeraie de Timimoun, elle dit n'avoir ressenti que désolation. «Il est navrant de voir que cette palmeraie, véritable perle du Sahara, n'est pas entretenue et qu'elle se dégrade jour après jour», lâche-t-elle. «Tout autour, les constructions et l'architecture en terre me passionnent tant, mais s'abîment», regrette-t-elle. Mais tout cela ne l'empêchera pas de revenir, promet-elle, l'hiver prochain. C'est le cas aussi de Genièvre Schwartz, une Franco-Allemande qui cultive une véritable passion du désert algérien mais qui se dit toutefois déçue par l'état de l'Oasis rouge et qui espère fortement une réelle prise en charge de la région. La palmeraie de Timimoun s'est longtemps distinguée par sa beauté et son charme si particuliers. Elle est incontestablement l'une des plus belles du Sahara mais aujourd'hui livrée à elle-même.


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