Le dopage était systématique entre 1995 et 2006 au sein des formations cyclistes allemandes Telekom puis T-Mobile, au bénéfice, notamment, d'Andreas Klöden, rapporte le magazine allemand Der Spiegel à paraître demain, qui a eu accès aux conclusions d'une commission d'enquête. Pendant deux ans, la commission indépendante mise en place par l'université de Fribourg s'est penchée sur le travail des docteurs Lothar Heinrich et Andreas Schmid. Ces deux médecins avaient été licenciés par la clinique universitaire de Fribourg en 2007 après avoir reconnu leur implication dans le dopage de l'équipe Telekom jusqu'en 1999. Après l'audition de 77 témoins, des contre-expertises réalisées sur 58 000 échantillons sanguins et la vérification de factures et autres notes de frais, cette commission a conclu que «les deux médecins ont fourni et diffusé des produits dopants aux coureurs au moins jusqu'en 2006». C'est la principale conclusion du document de 64 pages remis par la commission à la direction de l'université qui, selon Der Spiegel, doit le rendre public prochainement après vérification par ses avocats. Dans ce document figure le nom de Klöden qui, au contraire de son grand ami Jan Ullrich, leader de T-Mobile jusqu'à son licenciement en juillet 2006 pour son implication dans l'affaire Puerto, est encore en activité. Selon la commission d'enquête, Klöden, sous contrat avec la formation kazakhe Astana, se serait rendu en compagnie de ses coéquipiers Patrik Sinkewitz et Matthias Kessler après la première étape du Tour de France 2006 à Fribourg pour y recevoir des transfusions sanguines. Contacté par Der Spiegel, Klöden qui avait pris la 3e place du Tour 2006, s'est refusé à tout commentaire. Sinkewitz a été convaincu de dopage en 2007, tout comme Kessler. Les trois membres de la commission d'enquête ont détaillé dans leur rapport le rôle des deux médecins en charge du suivi médical de l'équipe Telekom rebaptisé T-Mobile en 2004. Ils se chargeaient de l'achat des produits dopants (EPO, hormone de croissance, testostérone, corticoïde) auprès d'une pharmacie d'une bourgade de la Forêt noire (sud-ouest) où ils auraient ainsi dépensé 20 855 euros en 2006. Ils faisaient parvenir aux coureurs qui se manifestaient par SMS et e-mails les produits dopants, parfois même par livraison express. Ils supervisaient aussi les opérations de dopage dans les locaux de la clinique universitaire de Fribourg et procédaient également à des contrôles sanguins durant les périodes de course pour s'assurer que les contrôles antidopage seraient négatifs. La commission les accuse également de ne pas avoir averti les coureurs des risques qu'ils prenaient avec leur santé. Pis, le Dr Schmid est présenté comme «particulièrement irresponsable» pour avoir notamment poursuivi une transfusion sanguine sur Sinkewitz alors que les poches de sang présentaient des anomalies.