«Je ne promets jamais rien parce que j'ai la mauvaise habitude de tenir mes promesses.» Cette belle citation de Voltaire semble être prise à contre-pied par les dirigeants des principaux pays industrialisés du monde. Ces derniers peinent, en effet, à concrétiser les promesses du sommet du G20 de Londres dans la lutte contre la crise économique mondiale. Pourtant, la tourmente financière continue de provoquer, au fil des jours, des dégâts socio-économiques. Aucun pays n'est apparemment épargné par les dommages collatéraux de ce tsunami. Les réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, qui se sont achevées avant-hier à Washington, n'ont pas enregistré des avancées. Annoncée en grande pompe par les participants du sommet de Londres, la décision d'apporter plus de 1 100 milliards de dollars de ressources financières supplémentaires aux institutions multilatérales, dont la majeure partie au FMI, n'a pas emboité le pas à d'autres engagements de la part des 185 Etats membres des deux institutions sœurs de Bretton Woods. Se contentant d'établir un constat, le Comité de développement de ces institutions mondiales, a seulement mesuré la menace que représente la récession mondiale pour les habitants de la planète. «L'économie mondiale s'est considérablement détériorée depuis notre dernière réunion [en octobre, ndlr]. Cette évolution a des conséquences particulièrement graves dans les pays en développement où la crise financière et économique se transforme en catastrophe humaine et en désastre au plan du développement», a, en effet, souligné le communiqué commun des deux institutions multilatérales, rendu public. «Nous demandons instamment à tous les bailleurs de fonds de concrétiser plus rapidement la promesse qu'ils ont faite d'accroître leur aide et nous devons, quant à nous, examiner la possibilité d'aller au-delà de nos engagements actuels», ont également ajouté les rédacteurs de ce communiqué. Le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a constaté que les Objectifs du millénaire pour le développement, adoptés en 2000, visant à réduire considérablement la pauvreté avant 2015, «ne devraient vraisemblablement pas être atteints pour la plupart». La crainte affichée par le premier responsable de la BM, trouve son essence par la gravité de la crise «qui a déjà fait basculer dans une extrême pauvreté plus de 50 millions de personnes, surtout des femmes et des enfants». «Nous devons atténuer son impact sur les pays en développement et faciliter la contribution de ces derniers à une reprise mondiale. Personne ne sait combien de temps cette crise durera. Nous ne savons pas non plus à quel rythme se fera la reprise», a déclaré lors de la conférence de presse finale M. Zoellick. Cependant, les déclarations de Zoellick contredisent l'optimisme des pays du G7 qui, deux jours plus tôt, avaient assuré que «l'activité économique devrait commencer à reprendre cette année». Même son de cloche chez les organisations non gouvernementales. Ces dernières ont déploré qu'il y ait eu peu d'avancées. «La Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont dit tout ce qui était juste […]. Il est fort décevant par conséquent que ces réunions se soient terminées sans qu'il y ait assez sur la table pour venir en aide aux pays pauvres», a estimé, entre autres, Oxfam dans un communiqué. S. B.