De notre envoyé spécial à Copenhague A. Lemili Copenhague 2009 s'est clôturé dans la nuit de vendredi à hier pour livrer, aux premières heures de la matinée, un Bella Center sans vie parce qu'entre-temps tous ceux qui en faisaient l'animation, autrement dit les altermondialistes, étaient rentrés chez eux après avoir, trois semaines durant, chahuté l'arrivée des délégations officielles à chacun de leurs accès aux bâtiments, mais aussi à courtiser les animateurs des organisations internationales non gouvernementales de protection de l'environnement. Les journalistes, également, ont joui du même élan de sympathie en ce sens que les représentants de la presse avaient plus d'opportunité à recueillir le discours des défenseurs de l'environnement plus disponibles et pour cause, des dirigeants officiels se muraient pratiquement dans le «secret défense» à chaque fois qu'ils rejoignaient les salles où se déroulaient les travaux de préparation des plates-formes de négociations respectives de chaque groupe de pays concernés. Tout le monde est pratiquement resté sur sa faim quoique l'échec ait été pratiquement annoncé, il suffirait pour cela de revoir les déclarations faites par les experts, les écologistes et certains analystes politiques. Ce n'est donc qu'hier à l'aube qu'ont été connues les premières informations sur la déclaration finale adoptée par les principales puissances et vivement critiquée par l'ensemble des 190 Etats présents au sommet. A telle enseigne que les chefs d'Etat russe, brésilien et indien ont précipitamment quitté la capitale danoise.En fait, ce sont les pays pauvres qui, comme il était vaticiné bien avant la tenue de Copenhague 2009, auront encore plus fait les frais d'un accord qualifié de honteux par les responsables d'organisations non gouvernementales connus pour leur activisme tout au long de ces vingt dernières années.Dans une déclaration faite à chaud, une représentante de Greenpeace a qualifié de «honte pour les dirigeants du monde entier» de n'avoir rien proposé de concret, voire d'efficace à même de permettre de lutter contre les changements climatiques. L'accord minimum est, pourtant, salué à sa manière par le président des Etats-Unis qui a considéré : «Ce à quoi nous sommes parvenus aujourd'hui n'a pas été facile à obtenir…» «C'est, certes, un progrès mais il ne suffit pas. Il nous faudra aller encore plus loin pour parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre significative et durable.» Mais ces propos ne resteront finalement que des propos que très vite le temps va altérer en ce sens que l'accord n'a en rien débouché sur un accord chiffré de réduction d'émissions de gaz à effet de serre et encore et surtout parce qu'il n'est en rien contraignant juridiquement. La non-création d'une organisation mondiale de l'environnement sous l'égide de l'ONU, une revendication des ONG totalement occultée, restera sans doute le meilleur indicateur du refus des pays développés et émergents de se soumettre aux respects des engagements qui auraient été pris dans le cadre de la rencontre de Copenhague. L'absence d'un protocole ou d'un traité à l'issue du sommet a, par voie de conséquence, définitivement fermé le dossier et ce ne sera certainement pas le plan de réduction des gaz à effet de serre sur lequel se sont engagés à partir de janvier prochain les pays industrialisés qui autorisera un quelconque espoir. En attendant Bonn 2010.La conclusion sous cette forme du sommet avait été vaticinée la veille déjà par les négociateurs algériens qui avaient, après un forcing, engagé depuis la fin de la première semaine de décembre, un lobbying continu tout au long de Copenhague 2009, quoique les Africains en général ont continué à espérer, juste quelques heures avant la fin du sommet, la poursuite des négociation séparées sur Kyoto et Bali.En conclusion, le texte final, qui n'est ni parfait ni n'a pas la consistance d'un traité, ne recèle qu'une seule décision concrète : la création d'un fonds d'aide de 100 milliards annuellement aux pays pauvres. La promesse de limiter la hausse des températures à deux degrés ne demeurant, évidemment, qu'une… promesse.