Intervenant dans les débats du 7ème symposium international organisé hier à l'hôtel Hilton par MDI Business School, Abdelhamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, a déclaré que l'Algérie veut développer sa propre matrice concernant les pôles de compétitivité. C'est une stratégie en phase de maturation. Le schéma générique et le concept qui va avec ont été dégagés, a-t-il expliqué. Il s'agit de la «technopole», a-t-il annoncé. C'est un concept au féminin. Il se différencie de ce qui a été adopté par beaucoup de pays ayant créé des pôles de compétitivité. Abdelhamid Temmar a ajouté qu'il y a des zones (Annaba, Tlemcen, Sid Bel Abbès, Béjaïa, Bordj Bou Arréridj…) que l'on peut développer de manière intégrée et les transformer en pôles de compétitivité. Le ministre a relevé que notre objectif à nous, c'est de relancer l'industrie selon un modèle algérien. Citant en exemple certains pôles de compétitivité ayant réussi dans le monde, il a affirmé que chaque pays a utilisé ses propres ingrédients, ses pré requis, avant d'arriver à asseoir tout un pôle industriel. La France, a-t-il noté, a mis en place un pôle de compétitivité à Nice. Elle l'a fait parce qu'elle dispose d'une importante assise industrielle. Ce n'est pas le cas de notre pays qui possède une industrie au plus bas de la valeur ajoutée, a-t-il rappelé. Et d'ajouter que c'est trop tôt de parler de pôles de compétitivité en Algérie. Il est vrai que ce qui est réalisable en Corée, en Chine, ou dans d'autres pays, ne le sera pas nécessairement en Algérie. L'intervenant a fait remarquer que le ministère dont il a la charge s'est imprégné de ce qui se fait dans ce domaine en Chine, en France, aux Etats-Unis, et qu'il va en tirer ce qu'il estime utile, en adéquation avec notre stratégie. Organisé en sessions, le symposium en question a permis tout au moins d'enrichir le débat sur la problématique des pôles de compétitivité de manière globale. Plusieurs communications ont faites par des experts, des universitaires et des gestionnaires d'entreprises. En ressort un élément fondamental : qui de l'Etat ou du privé doit remplir le rôle de faire émerger un pôle ou des pôles de compétitivité ? C'est simple, il n'y a pas de schéma unitaire, une recette toute faite. Taiab Hafsi, de l'université de Montréal, a souligné que l'Etat au sens régalien du terme n'a rien à voir avec les pôles de compétitivité, qu'il ne s'y implique pas, au Canada. C'est une tradition anglo-saxonne. Il a étalé un ensemble d'orientations usitées aujourd'hui dans le monde de l'entreprise. Il a ainsi noté que c'est par la stratégie asymétrique que beaucoup d'entreprises ont réussi. Par asymétrie, comprendre une stratégie différente de ce qui se fait, dans un domaine donné. Il faut qu'elle soit, à l'opposé des schémas dominants, réalisable, facile à mettre en pratique, a-t-il expliqué. Taiab Hafsi a ajouté que l'Etat peut aider, mais pas dans beaucoup de cas, parce que les règles internationales l'en empêchent. En France, l'Etat a sa part de contribution dans la création de pôles de compétitivité. Michel Bernasconi de Ceram Business Schcool dira qu'au commencement des appels à projet ont été lancés, des groupements d'entreprises se sont prêtés au jeu. En Espagne, ce sont les régions qui s'organisent et aident à la création de pôles de compétitivité. Francisco Benjamin de l'université de Madrid a, lui, livré une vision industrielle dont l'Algérie pourrait tirer parti. Il s'agit en fait des clusters touristiques. Ces expériences ont donné lieu à un large débat. Les travaux de ce colloque se poursuivront aujourd'hui. Y. S.