De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Une véritable poule aux œufs d'or pour certains, une matrice pour malversations et une «usine» à scandales pour d'autres, le complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar est sans cesse secoué par des «affaires» qui le mettent sur le devant de la scène, suscitant bien des interrogations qui demeurent le plus souvent sans réponse. Ce qui est pour le moins curieux, c'est que, à chaque fois, le Centre territorial d'investigations et de recherches (CTRI), dépendant du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) du ministère de la Défense nationale «prend de vitesse» les autres services de sécurité pour mettre au jour ces «affaires» qui portent atteinte à l'économie nationale. La dernière en date a visé un grand ponte de la région, vice-président à l'Assemblée populaire de wilaya et qui avait présidé par intérim aux destinées de cette honorable institution pendant quelques mois suite à un accident dont avait été victime le président en exercice. Hacene Fellah, membre influent du RND local, qui est aussi président d'honneur de l'USM Annaba, président de l'association d'insertion des détenus, patron d'une entreprise de récupération de déchets ferreux a été arrêté vers 4 heures à son domicile et a été emmené vers une destination inconnue par des agents du CTRI. Le bureau du concerné au sein de l'APW a été perquisitionné dimanche dernier et des documents, dont on ignore l'importance pour les investigations en cours, ont été saisis. L'homme auquel on attribue des pouvoirs insoupçonnés au vu des milliards qu'il a amassés ces dix dernières années est poursuivi pour blanchiment d'argent, enrichissement illicite, corruption, malversations et autres. Le tout Annaba était dimanche et hier en ébullition. La nouvelle de l'arrestation de M. Fellah avait fait le tour de la ville. Toutes ses relations d'affaires étaient injoignables et on rapporte que certains hommes d'affaires ont déjà pris le large de peur d'être à leur tour arrêtés, car ayant trempé dans des malversations. Au complexe sidérurgique, aucun responsable n'a voulu faire de déclaration, pourtant l'accusé était en relation directe avec plusieurs services. L'homme est devenu subitement infréquentable alors qu'il n'y a pas si longtemps on «lui mangeait dans le creux de la main et il faut dire qu'il arrosait royalement certains, même ceux, qui, aujourd'hui, lui tombent dessus». Toujours est-il que le CTRI qui a, selon nos informations, transféré M. Fellah à Constantine, poursuit, imperturbable, son enquête et il faut dire que personne n'est à l'abri quels que soient sa position sociale, le poste qu'il occupe ou l'influence supposée qu'il a. Cette affaire, qui n'a pas encore révélé tous ses secrets et qui n'est que la partie visible de l'iceberg, peut éclabousser certains qui, jusque-là, étaient au-dessus de tout soupçon au vu du statut social et politique que l'accusé occupait. L'inquiétude a gagné certains milieux, particulièrement ceux qui, ces dernières années, se sont enrichis de manière illicite et dont les signes extérieurs s'étalent au grand public. Cette opération, qui a pris dans ses filets ce milliardaire dont les ambitions politiques visaient des postes d'envergure nationale, est venue près de douze mois et demi après celle qui a ciblé la société indienne Grant Smithy Works à l'origine d'un préjudice évalué à plusieurs milliards de dinars dont a été victime le complexe sidérurgique d'El Hadjar. Il faut dire que toutes les affaires de gros sous gravitent autour de cette usine, un scandale en cachant un autre, une sorte de système de poupées gigognes, à chaque fois qu'on met au jour une affaire, une autre apparaît, laquelle, à son tour, en appelle une autre et ainsi de suite. Il faudrait une véritable opération «mane pulite» pour en finir avec tous ceux qui croient piller impunément l'économie nationale.