Synthèse de Salah Benreguia Lors de leur traditionnelle rencontre du printemps, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont, encore une fois, tiré la sonnette d'alarme au sujet des conséquences sociales de la crise économique mondiale. Pour les deux institutions jumelles de Bretton Woods, celle-ci s'est transformée en catastrophe humaine dans les pays en développement. La détérioration accélérée de l'économie mondiale, suivie de la mise au chômage de plusieurs milliers de travailleurs sont des signes qui ne trompent pas. L'économie mondiale s'est considérablement détériorée, précisent ces deux institutions, depuis la dernière réunion. «Les progrès réalisés au prix de durs efforts en direction des objectifs de développement pour le Millénaire sont maintenant compromis.» Selon le FMI et la Banque mondiale, «la crise a déjà fait basculer dans une extrême pauvreté plus de 50 millions de personnes, parmi lesquelles les femmes et les enfants en pâtissent le plus. Nous devons atténuer son impact sur les pays en développement et faciliter la contribution de ces derniers à une reprise mondiale». Malheureusement, aux dires du président de la BM, cette crise économique a balayé du revers de la main les huit objectifs fixés en 2008 qui visent à réduire la pauvreté à l'horizon 2015, faire reculer les grandes pandémies, la mortalité infantile et l'illettrisme, à instaurer l'égalité des sexes, à améliorer la santé maternelle et, enfin, protéger l'environnement. Selon M. Robert Zoellick, «il n'est pas encore possible de prévoir la durée de cette crise et qu'il serait très difficile d'atteindre les objectifs du Millénaire dans les délais prévus». Constatant cet état de fait, les deux institutions ont intensifié leur aide pour les pays en développement depuis le début de la crise. Et leurs responsables ont affirmé qu'il «faudra faire plus pendant que la crise suit son cours». «Nous devons maintenant donner une suite concrète aux engagements que nous avons pris, notamment ceux formulés par les participants au récent sommet de Londres». Un sommet, pour mémoire, ayant vu les chefs d'Etat et de gouvernement du G20, qui regroupe les pays riches et les émergents s'engager à augmenter les ressources des institutions financières internationales de plus de 1.100 milliards de dollars. «Nous demandons instamment à tous les bailleurs de fonds de concrétiser plus rapidement la promesse qu'ils ont faite d'accroître leur aide; nous devons quant à nous, examiner la possibilité d'aller au-delà de nos engagements actuels», expliquent le FMI et la Banque mondiale dans leur communiqué. Certains experts affirment que ce communiqué vise, en filigrane, les pays possédant le plus important volume de réserves de change. Conscients de l'inégalité existant entre les pays occidentaux et les pays émergeants concernant le taux de représentativité au sein du FMI et la BM, les dirigeants de ces deux institutions ont indiqué qu'ils prévoyaient de parvenir à un accord sur l'amélioration de la représentation des pays émergents et en développement au sein de leurs instances dirigeantes d'ici leurs prochaines assemblées de printemps en 2010. «Il importe que tous les actionnaires participent à ces travaux dans le cadre d'un processus transparent, consultatif et solidaire», affirment les deux institutions. Ces propos trouvent leurs essence, par le souci du FMI et de la BM d'éviter des crises et conflits internes, même en ces temps de récession économique, où tous les efforts doivent être unis. Le quota de la représentativité au sein du FMI et la BM remis en cause par la Chine La traditionnelle rencontre du printemps regroupant le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), a été elle aussi, marquée par certaines divergences concernant certaines questions clés. En effet, les pays touchés par cette tourmente financière, présents à ce rendez-vous, n'ont pas pu effacer leurs mécontentements. Le consensus sur les mesures de relance de l'économie à prendre, affiché en grande pompe, n'a pas masqué les divergences entre les pays du G20, qui regroupe le G7 et les principaux pays émergents, notamment sur la question du financement du FMI et le fait que ses instances de décision soient dominées par les Occidentaux. Alors que le G20 s'était engagé à Londres à apporter plus de mille milliards de dollars supplémentaires aux organisations financières multilatérales, dont la majeure partie allant au Fonds, certains pays, à leur tête la Chine, ont remis en cause le quota de représentativité au sein de l'instance gérée actuellement par DSK. En appelant les grands pays émergents à contribuer à un niveau répondant à la force de leur position (financière) extérieure, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, a vu refuser son appel de la part de la Chine, qui ne veut pas l'entendre de cette oreille. Car, estime-t-elle, «toute contribution doit se traduire par une meilleure représentation au sein des instances dirigeantes». Face à une crise dont les conséquences sur le plan social se font de plus en plus sentir, renforcer les capacités financières du FMI, est de mise. Au-delà, de ces divergences concertant certaines décisions, l'instance suprême du FMI, à savoir le Comité monétaire et financier international (CMFI), par le biais d'un communiqué rendu public, a vivement suggéré les pays membre du Fonds d'accroître les ressources financières pour le FMI. «Nous nous sommes mis d'accord pour accroître les ressources disponibles pour le FMI par le biais d'un financement immédiat de ses membres se montant jusqu'à 250 milliards de dollars, en conséquence incorporée dans des Nouveaux accords d'emprunts [NAE] étendus et plus flexibles, accrus d'un montant jusqu'à 500 milliards de dollars, et d'examiner l'appel au marché pour emprunter si nécessaire», indiqué, en effet, le communiqué du CMFI. S. B. La crise financière s'invite au prochain sommet de l'ONU Encore une fois, la crise économique mondiale s'invite lors d'un autre sommet mondial. Il ne s'agit pas d'une rencontre, regroupant les institutions économiques telles que le Fonds monétaire International ou la Banque Mondiale, au demeurant traditionnelle, mais du sommet de l'ONU. En effet, l'Organisation des Nations unies, se penchera, du 1er au 3 juin, sur cette question lors du prochain sommet. Selon un communiqué émanant de cette organisation, cité par les agences de presse, l'un des principaux objectifs du prochain sommet de l'ONU est de stimuler la confiance des populations et d'afficher l'unité de la communauté internationale pour surmonter la crise actuelle. Avec des conséquences de plus en plus désastreuses sur le plan social dans plusieurs pays, les responsables de la plus prestigieuse institution mondiale semblent vouloir contribuer à trouver les solutions de sortie de crise. S'il est vrai que les rencontres cycliques entre plusieurs pays visant à freiner les dommages collatéraux d'une tourmente financière commencent à se multiplier, il n'en demeure pas moins que le bout du tunnel tarde à apparaître. «La raison pour laquelle personne ne peut prévoir la fin du tunnel est qu'en plus d'être financière, la crise a une dimension psychologique. Pour sortir de la crise, les capitaux doivent circuler. Les capitaux privés doivent circuler. Les gens doivent restaurer la confiance et la conviction [...] Ils doivent avoir le sentiment qu'un investissement ou un crédit est une décision économique rationnelle», a déclaré Michael Clark, conseiller du président de l'Assemblée générale de l'ONU Miguel d'Escoto Brkckmann.