Mortalité infantile en hausse, paludisme, évolution de l'épidémie de sida, anémie, dégradation accélérée de l'état nutritionnel des populations, propagation des maladies… L'Afrique ne cesse d'élargir le spectre des pathologies qui l'assaillent. Pour la seule année 2006, la mortalité maternelle a atteint 690 pour chaque 100 000 naissances vivantes en Afrique. En Algérie, ce nombre est de 88,9 décès contre 6,7 dans les pays développés, selon les statistiques présentées récemment à Alger à l'occasion de la Journée de l'enfant africain organisée par le ministère de la Santé. En 2007, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a enregistré 165 décès pour 1 000 naissances en Afrique. Selon toutes les données, le continent africain occupe le bas du classement dans le domaine de la santé. En effet, les pays africains dépensent des sommes faramineuses dans les guerres ethniques, les putschs, le massacre des populations, l'achat de l'armement, mais se montrent plutôt avares lorsqu'il s'agit de consacrer des budgets au domaine de la santé publique. Les moyens financiers consacrés à la santé en Afrique ne dépassent pas 8% des budgets des pays. Aussi, selon l'OMS, l'Afrique qui compte 14% de la population mondiale, ne représente que 1% du marché mondial des médicaments alors que l'Europe (11% de la population mondiale) et l'Amérique (5%), représentent respectivement 30 et 44,4% du marché mondial des médicaments. Tous ces chiffres donnent froid dans le dos et montrent clairement que les Objectifs du millénaire, fixés il y a huit ans par les Nations unies, sont loin d'être atteints. Aujourd'hui, l'Afrique doit prendre en main son propre destin. Elle ne doit pas tourner le dos à une réalité même dure à voir. Dans le domaine de la recherche en matière de santé, il est nécessaire de renforcer les capacités des établissements de recherche pour produire de nouvelles connaissances scientifiques et s'adapter aux nouvelles technologies. A cet effet, l'Afrique doit consacrer d'importants budgets à la formation d'un encadrement médical et à la réalisation d'infrastructures sanitaires et de recherche. La conférence des ministres africains de la Santé qui se tient depuis hier à Alger, en présence de 500 experts, sera certainement riche en propositions. Au cours de ces assises, les pays africains vont explorer les moyens d'accéder aux avancées scientifiques et technologiques dans le secteur de la santé en axant leurs actions sur la recherche, en vue d'atteindre les objectifs sanitaires de la Déclaration du Millénaire des Nations unies. Par ailleurs, les Africains veulent faire entendre leur voix lors du sommet mondial de l'OMS prévu en novembre prochain à Bamako (Mali). Quel sort sera réservé à la «déclaration d'Alger» qui sanctionnera les travaux de la rencontre africaine ? Les propositions seront-elles prises en charge par les instances internationales afin de sauver l'Afrique des périls sanitaires ? Tout dépendra en fait de la volonté des pays africains à relever les défis du millénaire. C. B.