Le Conseil national économique et social (CNES) se prononce sur la directive adoptée récemment par l'Union européenne. Ce texte, qualifié par certains de «directive de la honte», est, pour le président du CNES, «les prémices de quelque chose […]». A l'ouverture de la 3ème édition du Tresmed organisée, hier, à Djenane El Mithak -une rencontre qui regroupe les représentants de conseils économiques et sociaux ou d'institutions similaires de l'espace euro-méditerranéen- M. Mohamed Seghir Babes n'a pas mâché ses mots au sujet de la circulation des personnes entre les deux rives. «Il importe de se saisir en commun du problème de la circulation de personnes qui demeure une entrave aux rapprochements utiles et souhaitables entre les différents acteurs euro-méditerranéens», a déclaré le président du CNES devant les participants de plusieurs pays du pourtour méditerranéen. En marge de la rencontre, M. Babes, plus explicite, dira avoir «une profonde réprobation de la démarche». «Les Etats et les gouvernements sont entièrement souverains», néanmoins cette «directive de retour» va marquer, selon lui, «d'une pierre pas très reluisante le chemin que nous sommes en train de renforcer et de construire». «Je crois savoir que l'ensemble des mouvements citoyens, ONG se sont déjà exprimés. C'est dire, évidemment, que nous sommes excessivement et sérieusement préoccupés par ce qu'elle va engendrer. Parce qu'elle est d'empreinte unilatérale. Elle est univoque, elle ne possède pas une relation devant aller à la construction de vraies passerelles de partenariat». «Bien que le problème de la circulation des personnes et de la migration dite clandestine soit une préoccupation de tous les Etats, ça peut l'être aussi pour l'Algérie, parce que nous sommes dans une triple situation : un pays de transit, un pays d'accueil et un pays de destination finale», souligne M. Babes. Il faut dire que cette directive adoptée par l'UE a déjà suscité moult réactions dans plusieurs régions. En fait, elle prévoit la détention, qui peut atteindre 18 mois, des migrants illégaux et l´interdiction de retourner sur le territoire européen pendant cinq ans. Ces migrants peuvent être renvoyés dans leur pays d'origine mais aussi vers un pays de transit même s'ils n'ont aucun lien avec ce pays. Il est fait état, en plus de la permission de détention et d´éloignement des mineurs accompagnés ou isolés, de la suppression de l´obligation de délivrer des titres de séjour aux personnes gravement malades. M. Babes a aussi commenté le processus de Barcelone, estimant qu'il a rencontré très peu de pratique et a été amputé d'un élément essentiel. Il s'agit, à ses yeux, de «la relation interhumaine et du dialogue interculturel». L'ambassadeur d'Espagne, présent à la rencontre, a mis en relief l'implication de la société civile dans le dialogue des deux rives, et ce, a-t-il dit, afin de le mener à bon port. Au sujet du pourtour méditerranéen, il a estimé que ce bloc se construit petit à petit comme l'a été l'Union européenne. Cette rencontre, qui est à sa troisième édition, a été organisée en partenariat entre le CNES et le Conseil économique et social d'Espagne (CES) mandaté par l'UE. Plusieurs représentants des CES ont relevé l'évolution des structures de dialogue social et la participation de la société civile. Ils ont soulevé par ailleurs d'autres problématiques qui préoccupent les pays des deux rives. A citer, entre autres, la dimension sociale au sein du processus de Barcelone, la démocratie participative dans les champs économique, social, éducatif et culturel… S. B.