De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Le directeur de l'agence foncière de la wilaya d'Oran vient de commettre une énième violation de la loi en attribuant une parcelle de terre agricole pour un projet industriel. La situation de tension à la suite du non-respect de la propriété d'autrui risque de déboucher sur un drame, affirment les protagonistes. «La terre chez nous, c'est comme la femme. Si on ne la défend pas, c'est qu'on ne vaut rien. Jusque-là, c'est nous les premiers touchés par cette situation de non-droit et de hogra. Nous avons déposé plainte et nous attendons, parce que nous croyons en la justice de notre pays. Mais nous ne saurons attendre éternellement face au non-respect que nous témoigne ce commis de l'Etat», nous confient les deux propriétaires de la parcelle de terre. A l'origine de ce nouveau pic de tension, le déchargement de matériaux de construction sur la terre agricole de ces deux fellahs et la destruction de la clôture. «Le gérant de la société nous a certifié qu'il a obtenu un ODS de l'agence foncière», nous confie le propriétaire. Il y a lieu de rappeler qu'une plainte contre le directeur de l'agence foncière a été déposée par le propriétaire de cette parcelle de terre agricole. Le motif de la plainte porte sur «la démolition de la clôture de la parcelle par le directeur en personne accompagné du promoteur qui s'est vu offrir cette parcelle», ajoute notre interlocuteur. On croit savoir que «le directeur de l'agence foncière après avoir épuisé toutes les formules, et voyant le projet d'un richissime privé retardé, a décidé de passer aux choses sérieuses.» Sinon comment expliquer qu'un directeur d'exécutif ait sacrifié sa grasse matinée pour se déplacer en personne, un jeudi matin, comme l'a affirmé le propriétaire de la parcelle, sur un site privé et assister à la démolition d'une clôture protégeant la propriété d'autrui ? Cela d'autant plus que l'affaire est en litige et n'a pas encore été tranchée. Pour rappel, l'agence foncière de wilaya a procédé à la cession d'une assiette au profit d'un richissime homme d'affaires de la région de Sidi Bel Abbès. Le fellah qui a vu sa terre intégrée dans un projet d'implantation immobilière n'a pas tardé à faire valoir ses droits. L'assiette en question est située entre la commune d'Es Sénia et celle de Misserghine. Le fellah a déjà eu à céder une parcelle de son terrain après indemnisation et ce, pour permettre la réalisation de l'évitement de Misserghine, il y a quelques années. «Mon assiette est à vocation agricole. Elle n'est pas urbanisable. Comment peuvent-ils l'intégrer dans le PDAU ? Ce n'est pas vrai. Ils sont tellement à court d'assiettes qu'il piétinent sur les nôtres. Ma terre est cadastrée, enregistrée et publiée. Même si on fait pression sur les agents du Cadastre ou autres domaines publics, j'ai tous les documents nécessaires prouvant ma bonne foi», note le propriétaire de la parcelle de terre. S'ensuivra un micmac dans les domaines ainsi qu'au niveau du Cadastre, et seuls les prochains jours nous en diront les tenants et les aboutissants. Ce n'est pas la seule tare de gestion de l'agence, il existe un lotissement qui a été attribué à Cap Falcon dans la commune de Aïn El Turck qui a été attribué alors qu'il était encore la propriété de la défense nationale, nous dit-on. Dans la zone d'extension touristique (ZET) de Cap Falcon, une multitude de problèmes continuent de laminer l'essor du tourisme dans cette partie importante de la wilaya. Comme la présence de particuliers sur des sites clairement définis par le PDAU comme abritant des équipements touristiques importants. Contactés à trois reprises par notre journal en vue d'explications au sujet de ces affaires, la secrétaire du directeur de l'agence foncière nous a gentiment signifié qu'il fallait patienter et laisser nos coordonnées afin de nous appeler. Cela fait plus de deux mois que nous attendons ce coup de fil qui n'est jamais venu.