De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La salle des conférences de la médiathèque de l'association Amusnaw (le savant), au chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou, a accueilli cette semaine une délégation représentant la société Louis Guilloux (écrivain) en la personne d'Annie Boulard et d'élus municipaux de la ville de Lamballe (région bretonne, France) à l'image de Christine Prunaud, vice-adjointe au maire dans la perspective de la participation de lycéens de Kabylie à la 15e édition (2009) du prix Louis Guilloux des jeunes à travers des nouvelles. Un concours qui aspire à «faire vivre la mémoire de cet écrivain et amener les jeunes générations à lire son œuvre». A cette occasion, les invités d'Amusnaw ont projeté le film le Sang noir, «un roman plus métaphysique que politique», une adaptation au cinéma d'un célèbre livre du romancier breton Hervé Boulard, membre de la société Louis Guilloux, pour donner à l'assistance, composée de la lauréate de la dernière édition du prix issue du technicum de la nouvelle ville de Tizi Ouzou, de son enseignant M. Takbou, des candidats à l'édition en cours et du directeur de la médiathèque M. Touzane, un aperçu de l'histoire du roman, des conditions de sa production et des détails sur la situation et les positions de l'auteur en temps de guerre. Avant la projection, la lauréate de la précédente édition, Melle Mahdi Chahira, a fait un récit de son séjour en Bretagne, soulignant tous les points positifs de son agenda chargé de rendez-vous avec plusieurs et divers militants associatifs et élus locaux. «Le Sang noir est l'histoire d'une journée de 1917, dans une ville provinciale de l'arrière-pays. C'est à travers le calvaire du professeur de philosophie Merlin, dit Cripure (à cause de la critique de la raison pure) que se dessine le tableau d'une société de pharisiens, de grotesques, de haïssables face à des gentils, des révoltés et des victimes», commentera Hervé qui qualifiera de film d'auteur la production cinématographique du film le Sang noir qui traite, dans un contexte historique de prélude à la Révolution bolchevique, de l' «absurdité de la guerre» soulignant, par ailleurs au passage, la «lâcheté» de Cripure coupable de son impuissance à aller jusqu'au bout de ses idées «parce s'il a été un révolté, il ne l'est plus guère», souligne-t-il. Cripure se retrouve ainsi moqué par ses élèves et haï par les patriotes de l'arrière-pays, ajoute Hervé. Comme dernier sursaut d'affirmation de soi, Cripure demande de se battre en duel, mais son envie sera rejetée et ce refus le conduira au suicide. Selon l'intervenant, le Sang noir est le chef-d'œuvre d'un écrivain de sensibilité anarcho-communiste» et celui de «l'humiliation et de la colère» comme le décrit A. Meyer. Il a pour cadre une petite ville de province française, à l'époque d'une guerre qui n'en finit pas. Son éditeur affirme pour sa part que Cripure est une figure dostoïevskienne et un inoffensif professeur auquel on fera payer cher son non-conformisme. Le débat qui a suivi le film a tourné surtout autour de la dualité philosophique du sujet de la paix et de guerre, des rapports de Louis Guilloux avec son environnement, ses amitiés, ses amis de la littérature, ses goûts, etc. A ce propos, on apprendra que l'auteur avait dans sa jeunesse comme maître d'école un poète infirme qui avait refusé la logique de la guerre, relation qui lui aurait inspiré Cripure. Cela dit, l'édition en cours verra la participation de trois lycées de la wilaya de Tizi Ouzou. Le lycée d'Ath Hichem concourt avec 6 nouvelles, celui de Larba Nath Irathen avec 3 et le lycée technicum de la nouvelle ville Tizi Ouzou récidivera avec 12 nouvelles. A noter qu'avant de faire cette halte à Tizi Ouzou, les invités de la médiathèque Amusnaw (financée par la Commission européenne) se sont enquis de l'état du centre de ressources d'Alger et ont rendu visite aux membres de la coopérative apicole et de l'association Afak (horizons) de Si Mustapha (wilaya de Boumerdès), deux projets auxquels le partenariat Algérie-Lamballe a donné corps. La délégation a aussi fait une virée du côté de Bouzeguène, 70 kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, en compagnie de responsables de la ligue des arts dramatique et cinématographique de Tizi Ouzou.