La riche Norvège est dotée d'un fonds de régulation analogue à celui créé par l'Algérie, il y a cinq ans. La Norvège va puiser dans son immense manne pétrolière pour tenter d'amortir les effets de la crise sur son économie qui devrait, néanmoins, se contracter de 1,0% cette année, a annoncé le gouvernement norvégien vendredi dernier. Présentant son budget révisé pour 2009, année électorale dans ce pays scandinave, le gouvernement de centre-gauche a indiqué qu'il utiliserait 130 milliards de couronnes (14,7 milliards d'euros) de recettes pétrolières cette année, soit 9,5 milliards de plus que prévu, pour doper la dépense publique. Le budget 2009 est le plus expansif depuis plus de 30 ans, a affirmé la ministre des Finances, Kristin Halvorsen, dans un communiqué rendu public. En Norvège, cinquième exportateur mondial de pétrole et troisième exportateur de gaz naturel, les revenus pétroliers sont placés dans un fonds de pension dans lequel le gouvernement ne peut normalement ponctionner que 4% pour équilibrer ses comptes. De l'aveu même de ce dernier, la ponction, dont le niveau exact ne sera connu qu'ultérieurement, devrait largement dépasser ce seuil cette année en raison des circonstances extraordinaires. Avec les mesures de relance déjà annoncées, l'effort budgétaire supplémentaire porte à 3% du produit intérieur brut (PIB) les dépenses du gouvernement destinées à contrecarrer la crise économique et doper l'emploi, a noté Mme Halvorsen. La crise financière affecte la Norvège «moins» que les autres pays, a-t-elle affirmé. Le pays scandinave bénéficie, selon elle, de la place relativement faible de la production de biens de consommation courante et de l'automobile -secteurs durement touchés par la crise- dans son économie, de l'importance de son secteur public et d'une «politique budgétaire très expansive». Cette année, l'économie norvégienne devrait, selon le gouvernement, se contracter de 1,0% -une prévision conforme à celle de la Banque centrale norvégienne- avant de renouer avec une modeste croissance de 0,75% l'an prochain. Ces chiffres portent sur le PIB dit «continental», c'est-à-dire hors hydrocarbures et transport maritime, un indicateur préféré en Norvège car il exclut les fortes variations liées à la production d'hydrocarbures. A titre de comparaison, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un recul de 2,8% du PIB aux Etats-Unis cette année, de 4,2% dans la zone euro et de 6,2% au Japon. Vendredi dernier, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a dit tabler sur un recul d'environ 3,0% du PIB. A 237,4 milliards de couronnes (27 milliards d'euros), l'excédent prévu par la loi de finances rectificative est revu en forte en baisse par rapport au surplus de 359 milliards prévu par le projet de budget dévoilé en octobre dernier, en raison, notamment, d'une hausse des dépenses publiques censées contrer la crise. Cela ne devrait, toutefois, pas empêcher une forte augmentation du chômage qui, selon le gouvernement, devrait passer en moyenne de 2,6% de la population active l'an dernier à 3,75% cette année et 4,75% l'an prochain. Des chiffres encore modestes par rapport à la plupart des économies occidentales mais de mauvais augure pour la coalition de centre-gauche sortante confrontée à des élections législatives délicates le 14 septembre. «Nous voyons que 5 000 personnes perdent leur emploi chaque mois. Il manque dans ce budget des mesures qui garantissent l'emploi», a réagi Jan Tore Sanner, un responsable du parti conservateur (opposition). «Ce que je redoute, c'est qu'on injecte beaucoup d'argent dans le secteur public et que l'on étrangle les petites et moyennes entreprises», a-t-il dit. R. E.