La reprise du travail survenue la semaine dernière à l'Entreprise nationale d'éléctro-industrie (ENEL) de Fréha, après un conflit qui n'a que trop duré et une tension aiguë entre l'ex-P-DG et les travailleurs et entre le syndicat et une partie des salariés, ressemble à l'ambiance générale d'une rentrée scolaire avec la joie des retrouvailles et les promesses de défi et les meilleurs vœux de succès et de réussite. Une ambiance bon enfant qui n'était pas attendue ; la gravité et la durée des oppositions au sein de l'ENEL (plus de 600 travailleurs) ayant atteint des proportions graves au cours de pics de protestation contre l'ancien président-directeur général, le ton parfois guerrier et le climat de suspicion ne présageaient rien de positif pour la suite des événements. Pourtant, le contraire est en train de se produire au vu des capacités de communication, du généreux dialogue et du sens de la responsabilité et de l'intérêt collectif que développent les membres de la section syndicale et des travailleurs sages de l'entreprise. «le conflit a atteint un point de non-retour, les pouvoirs publics étaient obligés de répondre par la positive à notre revendication principale : le départ sans condition du P-DG qui est, tout compte fait, derrière la situation de pourrissement et de non gestion de l'ENEL ; nos revendications étaient et sont toujours légitimes même si les autorités locales de la wilaya de Tizi Ouzou ont laissé la situation s'envenimer avant de se rendre à l'évidence», déclare un cadre de l'entreprise, opposé au maintien de l'ex-P-DG mais tout à fait disposé à tourner la page dans l'intérêt général. «Ce conflit a créé une sorte de scission au sein des travailleurs. Même s'il n'y avait qu'une petite minorité qui a soutenu le P-DG, on était réellement mal à l'aise, parfois cela devenait insupportable de partager le même atelier de travail avec quelqu'un qui vous regarde de travers, qui vous soupçonne de comploter contre lui ou de vouloir sa perte», ajoute le technicien, qui reconnaît que le conflit et la tension qui en avaient résulté avaient des retombées négatives sur le travail et les relations entre travailleurs. «Le dialogue et la communication peuvent faire évoluer les choses dans le bon sens et resserrer les rangs de l'ensemble des travailleurs car l'ENEL nous unit comme une seule famille et, dans cette optique, il faudra transformer notre victoire en poids positif au service de l'ensemble des travailleurs.» Cette volonté d'aller de l'avant est également partagée et défendue par M. Mustapha Boudjemaa, président de la section syndicale affiliée à l'UGTA, qui affirme que la reprise s'est effectuée dans la «convivialité, un climat d'entente et de fraternité». Pour le meneur de la protesta, la priorité ,c'est, primo, de gérer les conséquences générées par le conflit et la grève ; secundo, rattraper le manque à gagner. Ceci comme première phase. Le syndicaliste, qui semble assimiler déjà les «revers» de la longue tension qui avait dominé les rapports des travailleurs avec la direction de l'usine, se tourne entièrement vers l'avenir pour relancer les activités industrielles de l'ENEL. «Nous allons élaborer un plan de développement de l'entreprise pour garantir une meilleure production et une rentabilité durable qui assureront une bonne revalorisation des salaires», projette l'ancien cadre du FFS du début des années 1990. Pour rappel, ce conflit avait été porté récemment à la connaissance du Premier ministre lors de deux virées électorales qui l'avaient conduit au chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou et à Azazga. L'ENEL avait, durant les années 2000, un déficit de trésorerie de 430 milliards avant de se redresser grâce à la banque et à l'effacement de la dette par les pouvoirs publics, en raison sûrement de la sensibilité de l'entreprise sur la paix et l'ordre public à l'échelle régionale. L. S.