De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les deux formations belges, Métropolitain quartette et Octurn, ont émis chacune des rythmes et de l'invention dans leur spectacle, mardi soir dernier, sur la scène du TRC. Ainsi, le public a été émerveillé par la production des 4 jeunots qui ont ouvert le bal sur une cadence endiablée menée par le guitariste Sylvain, adepte de Jimmy Hendrix, et par le meneur et désormais… «émule de Trilok», Antoine Pierre. Ce n'est pas un groupe connu sur le plan mondial, puisqu'il vient à peine de se former (une année), n'empêche que l'aspect people n'a pas vraiment sa place dans la mesure musicale. Pour sa part, Octurn a convoqué l'universalité avec sa production originale qui défie les lois de l'écriture traditionnelle… La 6e soirée du Festival international de jazz, DimaJazz, qui se tient depuis le 14 mai dernier à Constantine au Théâtre régional, était ainsi purement belge. Le public s'est régalé avec la production des deux formations, dont l'écart d'existence varie de 14 ans, mais leur partition avait des liaisons communes dans la qualité des morceaux proposés. En effet, en évoquant la première formation, on dira que le quartette métropolitain, qui a inauguré le bal, existait depuis moins de deux ans. Ces quatre mômes timides, dont l'âge n'excède pas 16 ans, ont, cependant, ébahi le public de cette manifestation par un répertoire personnel, mais aux qualités sonores professionnelles. C'est la surprise de la soirée, annoncent les organisateurs. S'inspirant du jazz récent d'Aka Moon, John Scofield, Miles,… le batteur Antoine et le guitariste Sylvain, tous deux compositeurs du groupe, ont dévoilé leur écriture qui n'a rien à envier à celle des géants, des puristes du jazz. «Nos compositions musicales s'articulent notamment sur la rythmique. Un peu loin du jazz traditionnel qui se construit à partir d'une trame harmonique bien définie», devait dire le percussionniste talentueux qui a émerveillé l'assistance par son énergie, associée à sa technicité aux baguettes. Du moins, il y avait de l'innocence dans leur manière de se tenir sur scène, mais avec beaucoup d'application et de rigueur dans l'exploration de leur instrument. Métropolitain a été retenu lors du concours musical intitulé «Jouer, ça balance» organisé à Liège en Belgique. Cette consécration leur donnera droit, prochainement, à la réalisation de leur rêve se traduisant par la sortie de leur premier album avec le concours de la maison de jazz de la même ville. Ce néo-quartette a effectué sa première sortie hors Europe à Constantine, après une apparition aux Pays-Bas. La soirée s'est poursuivie avec le spectacle d'Octurn. L'assistance était conviée à un voyage céleste menée par le claviériste. C'est une musique qui convoque l'univers en allant parfois dans le sens «contraire de la partition» et colorée par la touche électronique de Gilbert. En fait, l'orchestre dégageait diverses portées musicales au public jazz, classique, musique contemporaine, le tout était timbré softly par une voix en introduction, avant de laisser tantôt le célébrissime guitariste Nelson V explorer son manche avec son doigté classique, tantôt le saxophoniste BO émettre des phrasés jazz. Octurn, qui existe depuis maintenant 15 ans, reste toujours à la recherche d'autres harmonies, d'autres sons, en somme une écriture qui chamboulerait «les traités d'harmonie». A ce sujet, nous diront le claviériste et le saxophoniste, «on essaye de trouver une harmonie plus différente tout en ayant des influences des autres musiques classiques ou jazz avec notamment Miles et Coltrane qui se démarquent par rapport aux autres compositeurs de jazz par leur recherche approfondie dans le domaine» En somme, Octurn plane dans leur univers exceptionnel en tentant à chaque altitude d'amasser des fans. Il faut rappeler enfin que la clôture de DimaJazz est prévue aujourd'hui avec un récital du bluesman Bernard Allison (USA).