Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug La violence à Berriane s'expliquerait, selon le ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, d'avantage par des problèmes socio-économiques que par des manipulations politiques. «La manipulation existe mais n'est pas importante. Les incidents ont pour élément déclencheur des réactions de pulsion. Chaque camp [ibadite et malékite] décrit des manipulations qui se passent dans l'autre. Mais, pour moi, ce sont des choses tout à fait mineures», soutenait Dahou Ould Kablia, désigné comme modérateur entre les différentes parties prenantes des conflits à Berriane, lors d'une émission dédiée à la commune sur les ondes de la radio Chaîne III, jeudi dernier. Pour le responsable, «la violence cyclique est due au fait qu'il y a eu mort d'homme lors des derniers affrontements [5 décès à déplorer en quelques mois]». Mais les raisons de ces conflits sont à chercher dans l'Histoire de Berriane. «La population arabophone et ibadite est à peu près d'égale importance. Au cours des années, ils se sont imbriqués. Le chômage et la malvie se sont aggravés et ont eu une incidence négative, beaucoup plus chez les malékites que chez les ibadites qui ont un comportement généralement plus formaté», explique M. Ould Kablia. Revenant sur la feuille de route signée entre les deux communautés, le 30 mars dernier, le ministre délégué insiste sur le fait que «toutes les mesures prises et toutes concessions faites par l'Etat l'ont été par le biais des assemblées représentatives des deux communautés, pour indiquer qu'elles sont un passage obligatoire et les conforter dans un rôle crédible. Cela a marché et ils ont commencé à discuter avec le wali pour établir une plateforme de revendications».Mais pour régler définitivement le problème de Berriane, des mesures concrètes ont été prises par les pouvoirs publics en concertation avec les belligérants. «La commission d'enquête indépendante qu'ils ont demandée, je l'ai acceptée. Elle fait du bon travail. A l'avenir, il est prévu la consolidation du travail de recensement entrepris, les enquêtes en cours, la garantie de la stabilité scolaire et la mère de toutes les solutions qui est le développement local», énumère le responsable. Sur ce dernier point, M. Ould Kablia informe qu'il a demandé «un programme spécial». «Il y a environ 15 000 personnes en âge de travailler à Berriane. J'insiste sur la formation professionnelle et l'agriculture. Des exploitations agricoles et une zone industrielle vont être créées», préconise-t-il. Information confirmée par le wali de Ghardaïa, M. Yahia Fahim, qui va encore plus loin : «Nous avons décidé au conseil exécutif de créer déjà deux entreprises au profit des jeunes de Berriane.» Une autre solution est proposée par le wali, il s'agit d'une voie de contournement de la ville. «Il ne faut pas que la voie de contournement soit vue comme une solution de mort économique de la ville mais, bien au contraire, qu'elle offre de nouvelles possibilités en termes d'espace : de nouveaux commerces, des lotissements vont s'agrandir dans l'espace intermédiaire entre la RN1 et la future route qui sera réalisée à 3 ou 4 km en amont de la ville. Elle ne sera pas réalisée avant, au mieux, 18 ou 24 mois. Nous aurons, à travers un programme de développement économique, le temps de régler tous les problèmes et ce souci sera complètement dépassé.» Pour ce qui est de la sécurité à Berriane, M. Ould Kablia n'a pas mâché ses mots : «Les autorités agiront, travailleront et traduiront au parquet. Après avoir montré la force et ne pas nous en servir ; cette fois-ci, j'ai dit qu'il fallait montrer la force et s'en servir.» Pour en revenir aux manipulateurs et aux fauteurs de troubles, le ministre délégué et le wali ont assuré que les enquêtes sont en cours et que l'Etat sera sans pitié. S'agissant des indemnisations des victimes, autre revendication des habitants de Berriane, le wali informe que les ayants droit des victimes décédées ont tous reçu des indemnités et des logements de l'Etat et que toutes les habitations ou commerces dégradés ont reçu le nécessaire pour leur réhabilitation. Au sujet de la charte de Berriane qui suivra la feuille de route, M Ould Kablia explique que «la charte a surtout un sens symbolique».