«La question reste posée pour le moment. Il y a eu des bandes de quartiers et des jeunes encagoulés, mais pour l'instant...» Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, n'a pas exclu la thèse d'une manipulation dans les événement de Berriane. Une thèse grave, très grave si elle venait à se confirmer, connaissant la structuration ethnique de la région. Une véritable poudrière à laquelle «une simple étincelle suffirait pour plonger toute la région dans une guerre ethnique que n'a jamais connue l'Algérie». Si le ministre de l'Intérieur n'a pas exclu cette hypothèse, c'est que les indices qui la confortent existent bel et bien. Y a-t-il eu des manipulations dans les émeutes de Berriane? A cette question, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales répond avec son franc-parler: «La question reste posée pour le moment. Il y a eu des bandes de quartiers et des jeunes encagoulés, mais pour l'instant, on ne peut accuser aucune partie», a-t-il déclaré, hier, au Palais des nations, en marge de l'ouverture des Assises nationales sur l'enseignement supérieur et la recherche scientifique. Ainsi, il a retenu plusieurs scénarios dans les événements de Berriane dont celui de la manipulation. En marge du discours du président de la République au Palais des nations sur les événements qui ont marqué Berriane depuis maintenant trois jours, le ministre de l'Intérieur a affirmé que «l'urgence est le retour au calme et à la sérénité». Il affirme, par la même occasion, qu'une enquête est ouverte pour savoir ce qui était à l'origine de ces émeutes. «Pour nous, il y a toujours des enquêtes», a-t-il précisé. Concernant les indemnisations, Zerhouni a préféré dire: «Chaque personne y ouvrant droit, l'obtiendra.» Interpellé sur le wali de Ghardaïa, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales soulignera qu'«il travaille, et il travaille bien». Il a écarté l'argument selon lequel la situation sociale «dégradée» de cette population serait à l'origine des émeutes. «Cette situation n'est pas propre à l'Algérie. C'est un phénomène de société qui existe dans tous les pays émergents en voie de développement et d'évolution. Il n'est pas propre à l'Algérie», a-t-il déclaré. Concernant la situation sociale, il affirme, optimiste: «Il ne faut pas nier qu'il y a eu des améliorations d'une manière générale. Il faut prendre comme référence l'amélioration du niveau de consommation des produits ordinaires (alimentaires et vestimentaires). Aujourd'hui, les revenus sont très importants. On ne peut pas dire que l'amélioration est suffisante, mais il y a tout de même une amélioration.» Dans le même sillage, il précise que «les informations que rapportent certains titres de la presse nationale faisant état de l'existence de 12 millions d'Algériens vivant au-dessous du seuil de pauvreté ne sont pas fondées. Il n'y a pas 12 millions d'Algériens qui vivent dans cette situation de pauvreté». Interpellé sur la réorganisation des groupes terroristes dans les maquis, le ministre annonce: «Ils essaient de se réorganiser là où ils sont coincés par les services de sécurité. Comme tout le monde a pu le remarquer, il y a plus d'efficacité dans chaque intervention des services de sécurité. Ils essaient, donc, de quitter les zones où ils sont en difficulté pour rejoindre d'autres endroits.» Le ministre de l'Intérieur précise, toutefois, qu'«il ne s'agit pas d'un plan de recrutement ni d'une nouvelle cartographie des terroristes». Interpellé par la même occasion, sur la situation des Algériens prisonniers en Libye, le premier responsable du département de l'intérieur annonce qu'ils ne seront libérés que dans le cadre «d'échange de prisonniers». Il y a des Libyens emprisonnés en Algérie. Il y aussi des Algériens écroués en Libye. «La décision adéquate est que chaque pays livre les prisonniers à son vis-à-vis.» S'agissant de la commission onusienne qui enquête en Algérie, le ministre affirme que «cela relève des prérogatives des Affaires étrangères. Je dis, toutefois, qu'ils sont venus et ils sont répartis».