«Les autorités publiques ne comptent pas céder aux pressions du parti de Hocine Aït Ahmed», a mis en garde Daho Ould Kablia. Le Front des forces socialistes au banc des accusés. Le verdict est tombé hier. Il est prononcé par le ministre délégué chargé des Collectivités locales, M.Daho Ould Kablia. «Un groupe appartenant au FFS est derrière les tentatives de troubles survenues dernièrement dans la wilaya de Ghardaïa», a-t-il lancé à la presse, en marge de la journée parlementaire de l'enfance, tenue au Sénat. Le ministre souligne que les autorités ont des preuves sur l'implication de ce parti, lequel tient à faire pression pour infléchir la justice sur ce qui est communément appelé l'affaire Mohamed Baba Nedjar, militant des droits de l'homme membre actif du parti de Hocine Aït Ahmed condamné en appel à la réclusion criminelle à perpétuité pour homicide volontaire. Un verdict rejeté par le parti qui a parlé de manipulation contre sa formation dont le but est «d'effrayer toute personne en quête de liberté et de démocratie». Il montera au créneau par le biais de déclarations et de communiqués diffusés par la presse dans lesquels il appellera à demi-mot les Algériens à la riposte. «Devant cette situation, il ne reste plus à la famille de Mohamed Baba Nadjar et à tous les Algériens victimes de l'arbitraire de cet appareil judiciaire, qu'à demander à tous les Algériens dignes, à toutes les personnalités honnêtes, aux opposants politiques, aux militants des droits de l'homme de terrain et aux journalistes indépendants, à oeuvrer tous ensemble sans lassitude et sans répit, à débarrasser les Algériens et rapidement, du véritable responsable de cette injustice et de ces souffrances», a-t-il appelé dans un communiqué rendu public au terme du procès polémique. Pour le FFS, l'Etat a utilisé l'appareil judiciaire pour réprimer toutes les libertés et toutes les revendications légitimes et pacifiques, poussant ainsi les Algériens soit à la soumission, soit à tomber dans les pièges de la drogue ou de l'opposition radicale en rejoignant les maquis, ou enfin au suicide et à la «harga» avec au bout, la mort certaine en mer. A Berriane, une partie des commerçants a répondu à l'appel de la grève générale. La région est sous pression depuis l'annonce du verdict. Une ambiance qui vient rompre avec le calme prudent qui y régnait depuis une année. Du côté des officiels comme du côté du FFS, le bras de fer n'est pas près de trouver son épilogue. La riposte des autorités ne s'est pas fait attendre. Ces dernières ont fait savoir qu'elles ne comptent pas céder aux pressions du parti de Hocine Aït Ahmed met en garde M.Daho Ould Kablia. Première riposte: plusieurs membres de la fédération du FFS ont été arrêtés ce week-end. Ils sont passés hier devant le procureur de la République, accusés d'être les instigateurs des troubles. Selon Tabbou, un groupe de 17 militants du parti dont des élus sont convoqués à Ghardaïa sans «motif apparent» et devraient répondre d'une série d'accusations. Hier, M.Ould Kablia a tenu à dissocier ces événements des émeutes qui ont frappé de plein fouet la ville de Berriane ces deux dernières années. Si les premiers sont d'ordre politique, les émeutes s'expliqueraient davantage, selon lui, par des problèmes socioéconomiques que par des manipulations politiques. «La manipulation existe mais n'est pas importante». Les incidents ont pour élément déclencheur des réactions de pulsion, avait-il affirmé récemment sur les ondes de la Chaîne III Pour ce même responsable, «la violence cyclique est due au fait qu'il y a eu mort d'homme lors des derniers affrontement: 5 décès à déplorer en quelques mois». Mais les raisons de ces conflits sont à chercher dans l'histoire de Berriane. Les populations arabophone et ibadite sont à peu près d'égale importance. Au fil des années, ces populations se sont imbriquées. Le chômage et la mal-vie se sont aggravés et ont eu une incidence négative, beaucoup plus chez les malékites que chez les ibadites qui ont un comportement généralement plus formaté.