Photo : Riad Par A. Lemili Mesure de normalisation intempestive, certes, mais tout de même décision salvatrice que celle prise par la Fédération algérienne de football de réguler, d'une part, le flux de joueurs étrangers devant évoluer dans la compétition officielle de football. Astreindre les clubs au recrutement ou transfert de deux éléments seulement a l'avantage pour une fois de mettre un terme à une véritable pratique bazariste qui est derrière tous les excès qui minent le championnat national de football, à commencer par l'ostracisme qui frappe ceux (joueurs) locaux au motif que leurs concurrents étrangers, toutes origines confondues, seraient en valeur intrinsèque individuelle supérieure. Une aberration en fait qui cache plutôt des pratiques interlopes que la mesure sus-évoquée, parce qu'elle n'a pas pu, sans doute par négligence et laxisme conjugués, être encadrée auparavant, d'être plus ou moins jugulée ou placée sous contrôle de la ligue nationale de football. En limitant des transactions entre un professionnel étranger à la seule condition que celui-ci évolue en première division, la fédération aura déjà fait très fort sachant qu'elle déblaie sans donner l'impression de faire l'essentiel dans des espaces qui semblaient jusque-là échapper à toute supervision, en l'occurrence les paliers inférieurs, à commencer par la superdivision où, dans le cadre d'une mode de mauvais aloi, en ce sens que celle-ci entretient l'illusion au sein d'un club donné d'avoir son joueur étranger et, du coup, de croire ou faire croire, ce qui est du plus grand ridicule, qu'il (le club) s'inscrit dans la même dynamique que le reste des autres équipes. Il se devait inéluctablement pour les instances nationales en charge du football de mettre fin à une navigation à vue qui ne disait pas son nom et de se doter de la plus parfaite des lisibilités en matière de politique sportive dans le domaine du football national et, surtout, de sa résurrection. Tout en respectant la libre circulation des personnes et garantir dans la foulée l'égalité, voire celle des chances d'accès à l'emploi dans le pays à toute personne en mesure d'apporter un plus dans un domaine donné, la fédération s'est inscrite dans la normalisation d'une politique que n'a eu de cesse de défendre l'Algérie. Les responsables ont juste veillé à en cerner les voies et moyens d'y parvenir. Toute équipe qui le désire pourrait s'adjoindre deux joueurs, ce qui honnêtement ne pénaliserait pas les éléments restants de l'effectif dont on sait qu'il peut être composé jusqu'à une trentaine de joueurs. Cela étant, un seul parmi les deux joueurs étrangers, si tant est qu'un club en compterait ce nombre, pourrait participer à une rencontre, l'idée maîtresse étant visiblement de donner plus de chances à un joueur du cru d'être aligné… ce qui est, somme toute, logique dans la mesure où les responsables de club n'auront aucun argumentaire de nature à biaiser la situation. La FAF serait-elle donc à créditer d'une mesure judicieuse ? Deux fois plus qu'une et la moindre des choses serait de reconnaître à la nouvelle équipe le mérite d'avoir vite fait dans ce domaine et surtout… bien fait sachant que la raison a pris le dessus. En ne permettant pas, dès l'entrée en vigueur de la nouvelle disposition, le recrutement de joueurs étrangers, les instances sportives nationales engagent donc de fait une vision claire de la situation actuelle tout en pensant à sa résorption par la prise en charge des éléments présents dans la compétition et dont la relation de travail ne pourrait pas être dénoncée autrement que par l'application et, par extension, le respect des textes réglementaires ayant prévalu à leur recrutement et sur lesquelles il paraît clairement qu'il ne peut être pris en compte la rétroactivité. D'autorité, la fédération met face à leurs obligations les clubs concernés par la présence de plus de deux étrangers dont les contrats pourraient être encore en vigueur, leur fournissant l'option de les céder à toute autre association qui serait intéressée ou, tout simplement, même s'il n'est pas suggéré dans les dispositions de la mesure, d'en assumer les charges. Ce qui ne risquerait pas d'être le cas pour la simple raison que les staffs dirigeants font état de leur difficulté à assumer ce volet de la prise en charge, la gestion des salaires et primes de toute nature étant de notoriété publique leur talon d'Achille. Donc, le seul fait de garder ou de transférer «leur» joueur étranger met dans l'obligation le club concerné de moins être exigeant dans la transaction et pour cause… une charge supplémentaire (qui risquerait d'être inerte) financière mais également une pléthore, dont l'efficacité serait discutable et, encore une fois, pour cause… la présence d'un élément inutilisable l'essentiel du temps. En fait, sur le marché national du football, l'offre va dépasser la demande, c'est clair. Comme il est clair que, dans pareil cas d'espèce, et c'est une règle de base du marché, quand l'offre dépasse la demande le rapport de force change et la valeur de l'objet marchandé plus nettement modulable en faveur du… client. Un raisonnement qui nous ramène, puisqu'il concerne des personnes, à une pratique interlope, en l'occurrence la… traite. Mais les conditions dans lesquelles évolue le football algérien ou, du moins, la mentalité des dirigeants qui affriolent ce genre de marché ou le recours aux joueurs étrangers est telle que ne sauraient être autrement appréhendées de telles pratiques. La FAF aura donc donné un véritable coup de pied dans la fourmilière et mis fin à une situation de non-droit, autant alarmante que choquante, et dans laquelle semblait se complaire dans la plus grande indifférence l'ensemble des acteurs concernés. En recréant une compétition dans laquelle les zones de droit sont de fait des espaces exigés et protégés par les l'Etat et, par voie de conséquence, tous ses instruments, la FAF ne s'est pas dotée de nouveaux mécanismes à même de lui conférer la force morale qui lui revient ou qui n'aurait plutôt jamais dû lui échapper, mais est venue tout simplement remettre de l'ordre dans la maison, une maison envahie ces dernières années par un chaos dont les menaces d'irréversibilité étaient effectivement réelles. En conclusion, ce sont les jeunes joueurs algériens qui vont gagner avec l'application de cette mesure. Les étrangers qui ont eu l'heur d'évoluer dans le championnat algérien, à quelques exception près, ont rarement apporté un «plus», voire ont même estompé des talents connus ou anonymes eu égard à l'inconsistance des politiques engagées par les associations ou encore l'immaturité et même l'ignorance de leurs responsables. Pourquoi ce qui serait normal ailleurs ne le serait-il pas en Algérie ?