Synthèse de Fella Bouredji Après plus de dix jours de faste et de paillettes sur les marches du palais des Festivals de Cannes, l'heure de vérité est, enfin, arrivée. Le verdict est tombé hier en soirée et la Palme d'or du 62ème Festival international du film de Cannes a été attribuée à l'Autrichien Michael Haneke pour le Ruban blanc. C'est avec émotion qu'il a déclaré en s'adressant à sa femme lors de la remise officielle des prix : «C'est un moment dans ma vie où je peux dire je suis très heureux et toi aussi, je pense.» Le bonheur est effectivement permis lorsqu'on signe un film qui remporte l'une des plus prestigieuses distinctions du monde du cinéma. Le Ruban blanc, film en noir et blanc, se penche sur les méfaits de l'éducation ultra-répressive en vogue en Europe au début du XXe siècle. Et ce cinéaste autrichien n'en est pas à ses débuts au Festival de Cannes. Il y a déjà été récompensé deux fois. En 2005, il a reçu le prix de la mise en scène pour Caché - et également le César du meilleur réalisateur en 2006. Il est aussi lauréat de nombreux autres prix internationaux. Pour cette 62ème édition, la France a, de son côté, arraché trois prix. Le grand prix est allé au film de Jacques Audiard Un prophète, le prix d'interprétation féminine à la comédienne française Charlotte Gainsbourg pour Antichrist tandis qu'Alain Resnais a reçu un prix exceptionnel pour son œuvre. Le jury du festival, présidé par l'actrice Isabelle Huppert, a décerné le prix d'interprétation masculine à l'Autrichien Christoph Waltz, 52 ans, pour son rôle d'un officier SS dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino. S'adressant au cinéaste, l'acteur a indiqué : «Avec ta passion et ta compassion, c'est toi qui m'as rendu ma vocation», remerciant également Brad Pitt de l'avoir «rencontré sur un pied d'égalité». Charlotte Gainsbourg, 37 ans, a remercié le festival d'avoir eu «l'audace» de sélectionner le film du Danois Lars Von Trier qui lui «a permis de vivre l'expérience la plus intense, la plus douloureuse et la plus excitante jusqu'à présent». Le prix du jury du 62ème Festival de Cannes a été décerné ex aequo à la Britannique Andrea Arnold pour Fish Tank et au Coréen Park Chan-wook avec Thirst, ceci est mon sang, un conte cruel et baroque sur un prêtre (Song Kang-Ho) parti en Afrique, qui se transforme en vampire. «Quand on fait un film, on donne un peu de soi, et même beaucoup de soi, alors, merci de cette reconnaissance !» a dit Andrea Arnold, sobre dans son costume noir, sa longue chevelure tirée en arrière. Le prix de la mise en scène est revenu au Philippin Brillante Mendoza pour Kinatay, qui dénonce les violents assassinats commis par les gangs, une violence bien réelle, selon le réalisateur. Interdit de tournage dans son pays jusqu'en 2011 pour avoir présenté en compétition à Cannes 2006, sans l'aval des autorités, Palais d'été, Lou Ye a remporté le prix du scénario avec Nuits d'ivresse printanière qui évoque une sulfureuse passion homosexuelle. Samson et Delilah de l'Australien Warwick Thornton a obtenu la Caméra d'or qui distingue un premier long métrage présenté dans les sélections officielles ou parallèles. Enfin, Arena du Portugais Joao Salaviza a reçu le prix du meilleur court-métrage.