Pronostics n Le film israélien «Valse avec Bachir» semblait être en bonne position, hier soir, pour la Palme d'or du 61e Festival de Cannes marqué par une sélection hétérogène. «Valse avec Bachir», où Ari Folman met en images d'animation la première guerre au Liban, était le plus souvent cité comme favori pour la Palme. Il y a aussi «Rendez-vous à Palerme» de l'Allemand Wim Wenders, lauréat de la Palme d'or 1984 avec «Paris Texas». Ce conte («Rendez-vous à Palerme») à visée philosophique met en scène un photographe hanté par la mort - incarnée par Hopper - dans ses rêves, lors d'un reportage en Sicile. Avec son image numérique sophistiquée et son envahissante bande son très tendance (Nick Cave, Portishead, Calexico, Beirut...), «Rendez-vous à Palerme» fait souvent penser à un spot publicitaire, un sentiment renforcé par l'insistance du cinéaste à faire apparaître des marques. Le dernier des 22 films en compétition à être dévoilé était «Entre les murs» du Français Laurent Cantet, très chaleureusement accueilli par les critiques. Mi-documentaire, mi-fiction, inspiré du livre éponyme écrit par François Bégaudeau, il explore le quotidien d'un collège parisien où un professeur de français — Bégaudeau lui-même — enseigne une langue très différente de celle que ses élèves, adeptes de la «tchatche», parlent au quotidien. Festival de joutes oratoires, tour à tour drôle, grave et émouvant, «Entre les murs» montre l'école «non pas telle qu'elle devrait être mais telle qu'elle est au quotidien», selon son auteur. Après avoir déclaré, à l'ouverture, vouloir récompenser un cinéaste «très conscient du monde», le président du jury Sean Penn a affirmé que son jury fuira les «effets de mode». Pour Sean Penn, Cannes 2008 est une «très bonne moisson». Toutefois, après un 60e anniversaire d'exception qui mêlait révélations (Marjane Satrapi, Cristian Mungiu, Julian Schnabel) et grands auteurs américains très en forme (Van Sant, Gray, Fincher, les frères Coen, Tarantino), cette édition a été, de l'avis des critiques, plus hétérogène. Absent en 2007, en crise depuis des années, le cinéma italien en particulier a frappé fort avec «Gomorra» où Matteo Garrone met à nu une société gangrenée par la mafia et «Il Divo» de Paolo Sorrentino, pamphlet sur la caste politique de la péninsule. Mais trois titres ont essuyé le feu des critiques, tout en s'attirant une poignée de défenseurs acharnés : «Blindness» du Brésilien Fernando Meirelles, adaptation jugée maladroite d'un roman de Jose Saramago, l'expérimental «Serbis» de Brillante Mendoza, taxé de voyeurisme provocateur et «La frontière de l'aube» d'un Philippe Garrel figé dans ses références à la Nouvelle vague. Prix de la critique internationale l Le film «Delta» du Hongrois Kornel Mundruczo, en compétition officielle au 61e Festival de Cannes, a reçu samedi à la veille de la remise de la Palme d'or le prix de la critique internationale, attribué par un jury de journalistes. Présidé cette année par le critique américain Howard Feinstein, le jury de la Fédération internationale de la presse cinématographique (Fipresci) a également distingué, dans la section «Un Certain Regard» de la sélection officielle, le film «Hunger» de l'Anglais Steve McQueen. Enfin, au sein des sections parallèles du Festival de Cannes, la Fipresci a décerné son prix à «Eldorado» du Belge Bouli Lanners, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Quant au Prix Un Certain Regard du 61e Festival de Cannes, il a été attribué samedi soir au film «Tulpan» du Kazakh Sergueï Dvortsevoï, par un jury qui a souhaité créer deux prix supplémentaires «en témoignage de son enthousiasme» face à la «qualité et la richesse de la sélection». Le film relate le retour dans la steppe kazakhe d'Asa, un jeune marin qui veut devenir nomade.